Auteur : Mimi Yuy

Email : mimimuffins@yahoo.fr 

Origine : Gundam Wings

Genre : Romance gentillette sans marmot crampon mode koala

Couples : Surprise ;p

 

Cette petite histoire en deux parties (c’était initialement une one shot mais comme d’hab elle s’est allongée à n’en plus finir -_-) est une séquelle de la fic « Une semaine ». Ou comment vous donner ma vision d’un Quatre un peu différent de mes habitudes ;p. (si seulement, ça intéresse quelqu’un) Pour ceux qui n’auraient pas lu « Une semaine », cette histoire doit pouvoir se lire en toute indépendance (enfin je crois) même si son intérêt s’en trouve alors totalement nulle lol. Pour ceux qui aiment Quatre : attendez d’avoir tout lu avant de crier au crime lol ;p. Enfin pour ceux qui ont lu l’explication de texte publiée à la fin de « Une semaine » pardon pour les redondances, si redondance vous trouvez. (mimi yuy ou l’art et la manière de s’auto-spoiler toute seule ;p).

 

 

 

Un jour.

 

 

 

Un jour. Espace temporel court et éphémère. S’il peut redonner vie à  un homme, suffira-t-il aussi à lui faire retrouver les siens ?

 

 

~ Jeudi a.m. ~

 

00H00

 

Une silhouette filiforme était étendue. Là, aux cotés de son compagnon dans ce grand lit aux draps blanc émasculés. Bien qu’allongé sur son dos depuis plus d’une heure, le sommeil tardait toujours à venir.

Impossible pour lui de s’endormir.

Comment aurait-il seulement pu dans l’état de stress et d’anxiété dans lequel il se trouvait ?

Fermant les yeux en une tentative désespérée de faire le vide, Quatre songea à l’instant précis où il avait franchi le point de non-retour. Il en avait passé du temps en psychanalyse pour le déterminer avec cette précision quasi chirurgicale.

 

Flash back

*

Suite au départ de Duo de cette demeure où ils avaient vécu ensembles cette trop courte période « d’après guerre », Trowa avait été le suivant du groupe à exprimer son désir de départ. Une volonté qui n’avait surpris personne. L’inverse aurait même été étonnant. Le français était alors le seul à avoir une « famille » qui l’attendait. Une vie, un métier, une place tout entière que les gens du cirque lui réservaient depuis de longues années. Si bien que pour cet orphelin qui n’avait auparavant connu que combat et lutte pour sa survie, il fallait qu’il tienne beaucoup à ses compagnons pour avoir si longuement repoussé l’heure de son départ.

 

Mais là encore, ce choix n’avait rien d’étonnant. Ils avaient tous eu besoin de cette période de vie commune. Ils avaient été frères d’armes, eux, les terroristes venus apporter le chaos sur terre au nom des colonies. Ils avaient participé par leurs actes de folie à l’ouverture d’un vrai échange entre les deux parties. Et de cela, de leurs combats illégaux, ils étaient aujourd’hui considérés comme les investigateurs de cette paix si chèrement acquise. Une contradiction trop intense pour que cela ne les perturbe pas un peu. Après tout, avant d’être soldat, ils avaient été humains.

 

C’est ainsi qu’une semaine après le départ de Duo, Quatre observait avec recul la scène se déroulant dans le grand hall de cette demeure trop grande pour cinq personnes. Alors pour quatre…puis bientôt trois. Le lieu devenait invivable.

 

Trowa serrait tour à tour chacun de ses amis pour faire ses au revoirs.

Ce n’était pas un adieu.

Tous savaient qu’ils pourraient compter les uns sur les autres en cas de problème. Mais ils savaient aussi au fond d’eux-même qu’ils n’étaient pas fait pour vivre à cinq. Ils avaient connu la guerre ensembles non pas par choix, mais par ordre supérieur. Alors la paix il la vivrait tous à leur manière et éloigné des autres. Tel était la condition d’une nouvelle vie loin des souvenirs des combats.

 

Quand arriva enfin son tour, Quatre fixa ses yeux au regard émeraude de Trowa. Il attendait qu’il lui demande de le suivre. Il attendait qu’il lui demande de tout abandonner. Sa vie, son empire, son avenir au sein de la bonne société, pour le rejoindre au fin fond du monde dans sa roulotte d’artistes ambulant.

 

Depuis l’annonce de son départ, le jeune homme à la chevelure blonde, y avait pensé chaque minute de la nuit, chaque seconde du jour. Une réflexion bien inutile, puisqu’il avait depuis le départ sa réponse. Là, sur le bord des lèvres. Présente et impatiente d’être dévoilée en une explosion de bonheur.

 

- Quatre..

- Trowa…

- Je… ce que j’ai à dire n’est pas si évident.

 

Rongeant, son impatience à vouloir crier un OUI irréel qu’il savait d’avance ne jamais regretter, Quatre n’en sourit pas moins… de toute son âme pour plus de tenue.

 

- Vas-y Trowa. Rien de ce tu pourras me dire ne saurait me faire du mal.

- Je…Je pense que tu t’en ais rendu compte avec le temps. Tu tiens une place importante dans mon cœur. Je ne suis pas doué pour ce genre de déclaration. Mais… je crois… Enfin non, j’en suis sûr. Tu représentes le petit frère que je n’avais eu. La famille que je désirais tant depuis si longtemps. Alors… Si un jour tu as besoin de moi, quelqu’en soit la raison. Même sans aucune raison d’ailleurs. Surtout n’hésite jamais à me rejoindre. Ma roulotte te saura toujours ouverte. Même si techniquement, nous ne vivons pas toujours sur la route. Disons donc que mes bras. Oui. Mes bras te seront toujours ouverts. Pour toute ma vie.

 

Plutôt content d’avoir franchis la difficulté de dire ce genre de banalité un peu désuète, Trowa riait presque de son final. Et à voir les larmes perlant aux yeux de Quatre qui semblait lutter pour ne pas les laisser couler, il pensa avoir bien agit. Tout gêné puisse-t-il être de son aveu, Quatre semblait si ému que cela seul comptait. Il avait vaincu sa timidité pour cette confidence importante et en était fier.

 

- Alors à bientôt … petit frère.

 

Pour conclure cet acte solennel, Trowa embrassa Quatre sur la joue.  A son premier pas de recul, une larme y coulait finalement sans un bruit.

 

- A bientôt les amis.

- Bon courage Trowa.

 

Sur ce mot d’encouragement de Wufei, Heero referma la porte tandis que Quatre fuyait dans sa chambre. Ses sentiments. Les sentiments qu’il ressentait émaner de Trowa à son égard. Cette tendresse perpétuelle qu’il lui inspirait durant la guerre. Comment avait-il pu se méprendre à ce point ! ! ! ! Comment avait-il pu se laisser envahir par un amour imaginaire ?

Il était prêt à tout quitter pour lui. Prêt à tout.

Observant la photo de groupe trônant sur sa table de nuit, Quatre observa rageur ce bras glissé autour de sa taille. Un frère ! Il n’était qu’un frère aux yeux de Trowa ! !

Malgré les larmes embuant son regard trouble de douleur et de colère, Quatre observa aussi les deux mains camouflées derrière eux. Elles étaient presque l’une en l’autre. Les mains d’Heero et de Duo.  Comme il avait bien fait de pousser le natté à s’éloigner pour quelques temps. Plus que jamais, il comprenait toutes ses raisons obscures qui l’y avait poussé.

 

- Jamais ! ! ! Jamais je ne serais le seul à rester là ! ! !

 

Et dans une violence qu’il lui était jusqu’alors inconnu, Quatre lança de toutes ses forces le cadre contre un mur, brisant ainsi son verre fin en mille morceaux. Autant de pièces de verre que son cœur meurtri en supportait en lui.  Il l’avait tant aimé. Il s’était tant abandonné à cette idée ridicule et juvénile de l’amour éternelle dans les bras de Trowa. 

..Trowa..

….Trowa…

……Trowa……

A cet instant, il était l’homme le plus haïs de la terre.

*

Fin flash back

 

La haine et l’amour sont si proches.

Il avait tant aimé Trowa pour finalement le haïr à un tel degré, une telle intensité….

Un peu comme avec Heero.

Heero qui était resté à ses cotés deux longues années, suite au départ empressé de Wufei.

Heero qui avait tout accepté de sa part.

Mais à quoi bon ?

Comment combler un cœur vide d’une attirance feinte ?

Une amitié, aussi forte soit-elle, ne pouvait suffire à palier l’absence de tout amour.

 

Toujours aussi blessé par ce constat d’échec, Quatre ne sentit pas la main large et bienveillante, venir cueillir les larmes s’écoulant à cet instant encore sur ses joues.

 

02H00

 

Il ne s’était pas absenté plus de dix minutes de la chambre, qu’IL retrouvait encore son ange recroquevillé sur lui même. Aux ondes de tristesse émises par son amant, IL n’avait aucun doute sur les raisons expliquant cet abattement si récurrent. Alors doucement, sans mouvement brusque, il le rejoignit à nouveau dans leur lit.

 

- Quatre…

 

Cette voix. Ce corps chaud qui se collait avec délicatesse tout contre lui, Quatre les reconnaissaient.

Tous ses sens l’identifiaient à la première seconde aujourd’hui.

Et pourtant…

Il l’avait tellement haïs lui aussi.

Dés leur première rencontre. Dés leur premier face-à-face.

Mais quoi d’étonnant à cela, quant à cette époque, ils étaient tout simplement ennemis.

 

Accueillant à présent sa venue avec soulagement et reconnaissance, Quatre sentit les lèvres rosées de son aîné venir happer les gouttes d’eau salées s’écoulant sur ses joues. Un comportement qu’il jugeait malsain. Ses larmes étaient si sales. Sales de toutes ces raisons qui les faisaient tant s’écouler.

 

- Il ne faut pas..

- Pas quoi, mon ange ?

- Ca….

 

Se retournant pour gronder l’homme venu le rejoindre de son attitude légère, Quatre songea à cette première fois où il s’était présenté à lui sous son vrai visage. Tendre, doux et attentionné.

 

Les baisers courrant un peu partout sur sa mâchoire, son cou, ses paupières, Quatre se laissa aller à cette douceur qui l’enveloppait. Mais très vite, IL le fit s’allonger sur le ventre attaquant à présent sa nuque d’une succession de morsures qu’IL léchait par la suite pour en calmer la douleur.

 

hmmm.

 

Comme à cet instant où sa position n’était que soumission, leur rapport n’avait vraiment pas débuté par une quelconque fibre de compréhension et d’écoute. Juste de la colère, de la violence et…. la douleur. Sourde, profonde, déchirante.

 

Alors qu’il fronçait justement les yeux sous une douleur plus vive, Quatre se laissa aussitôt retomber dans un carcan de douceur. Il n’y avait bien que Zecks pour si bien doser ces deux faces de leurs personnalités.

 

Flash back

*

Depuis le départ d’Heero ou plutôt la fuite de ce faux jeton de soldat parfait, Quatre ne cessait plus de tourner en rond dans cet appartement trop grand, inscrit depuis toujours à son seul nom.

Ce constat seul était une preuve flagrante de la volonté d’Heero à se détacher de leur simulacre de vie commune.

Ils n’avaient jamais rien partagé

Rien, mis à part les coups, les disputes et quelques rares nuits de sexe.

Ils pouvaient bien tous l’accuser pour son comportement controversable. Lui avait fait des efforts. Heero aucun.

 

Lorsque le visiophone sonna, Quatre le décrocha fidèle à ses habitudes, avec violence et le regard noir.

Sa secrétaire.

Encore elle. Toujours elle.

Il allait devoir penser à la changer.

Ca ne ferait que la sixième en six mois.

Six mois qu’il était parti.

Six mois que son œil droit le lançait toujours.

 

- M. Winner, pardonnez-moi de vous déranger. Mais je vous rappelle votre réunion de l’après midi. Elle devait débuter, il y a une demi-heure et...

- J’ai encore de la mémoire, merci. Ne me dérangez plus pour ce genre de futilité.

- Mais. M Merq…

 

Raccrochant avec force, Quatre tenta de retrouver un calme d’apparence.

Pour qui elle se prenait cette pimbêche pour lui sous-entendre qu’il ne devait pas arriver en retard à ses réunions ? De par sa position, il pouvait bien leur faire faux bon sans raison !

 

~*~

 

- Mademoiselle ?

 

La jeune femme savait bien qu’elle n’était là que pour une très courte période. Pourtant, elle avait tenu à agir comme toute bonne secrétaire de direction. Fidèle à son patron. Prête à lui venir au secours à tout instant. A assumer par une annonce officielle de sa négligence, les oublis officieux de son supérieur. Mais à quoi bon ? Quatre Rabarbera Winner n’était qu’un jeune PDG prétentieux, arrogant, insupportable et terrifiant. Tous ses prédécesseurs le lui avaient assuré. Impossible de ne pas tomber dans la dépression après un passage dans le grand bureau. La seule chose qu’elle n’y risquait pas était le harcèlement sexuel. Pour le reste, la liste des sévices psychologique était longue et M Winner bien trop haut placé pour que quiconque prenne crédit de leurs reproches.

 

- Vous vous sentez bien ?

 

Si le coup de fil de son patron l’avait rendu livide, la simple question du régent du pays eu le don de la faire rougir. Comment pouvait-on être aussi beau et aimable avec les responsabilités que leur prince devait tenir ?

 

- Oui. Oui. Je tiens à m’excuser. J’ai à l’évidence mal inscris votre rendez-vous. M Winner n’est pas libre pour l‘instant. Je vais devoir reprogrammer cette réunion. Vous n’avez déjà que trop attendu.

 

Pour avoir attendu, il avait attendu. Une demi-heure que Quatre le faisait poireauter. Et à l’évidence, c’était la peur au ventre que cette jolie secrétaire avait fini par appeler chez lui pour en connaître la raison. S’il n’était pas un roi de la finance, laissant cela à ses ministres, Milliardo n’était pas sourd. Il avait bien entendu la miss se faire envoyer sur les roses par le big boss des lieux.

 

- Ne stressez pas ainsi pour rien….. Emeline. Je reviendrais le voir plus tard. Peut-être un soir. Les visites en improviste seraient-elles plus conseillées pour le prendre à revers ?

 

Rougissant de nouveau à l’entente de son prénom, La jeune femme ouvrit avec hypnose l’agenda de son patron. Un doigts pointé sur une date et un horaire et elle obtient pour son plus grand plaisir un clin d’œil complice.

Nul doute que cette année encore, elle ne voterait pas pour l’abolition de la régence de la famille Peacecraft à Sank kingdom.

 

~*~

 

Après une longue semaine d’attente, persévérant pour la bonne cause, Milliardo entreprit de profiter des bonnes informations de l’ex-secrétaire de Quatre. Même si un coup de fil la veille l’avait informé que la jeune fille rencontrée quelques jours plus tôt avait déjà été remplacée. Mais il savait pouvoir jouer sur son charme pour séduire la remplaçante. Ce soir, il était bien décidé à s’imposer dans le bureau central de la Win corp. Et comme prévu, ce fut sans encombre qu’on l’annonça enfin à son dirigeant.

 

Loin d’être inquiet de sa réaction pour cette visite surprise, Milliardo n’en était pas moins curieux. Comment réagirait l’ex-pilote de gundam en rencontrant l’ex bras droit du feu général Kushrenada, aujourd’hui souverain de Sank ? Il n’avait pas fait trois pas, qu’il eut la réponse à sa question.

Sans même relever ses yeux d’un épais dossier qu’il semblait lire avec attention, Quatre fit porter sa voix.

Sèche et froide. Un étrange coup de poignard qui ne ressemblait pas à son souvenir d’ange aux commandes d’un monstre d’acier.

 

- Pourquoi es-tu là Zecks ?

 

Quatre ayant fait une totale abstraction de sa position hiérarchique en le tutoyant et usant de son nom de guerre, Zecks n’en prit pas ombrage, s’adaptant sans mal à la situation.

 

- J’avais à te parler.

- Fais vite. Tu es ici grâce à ta position politique. Le cas échéants les hommes de la sécurité t’auraient déjà mis dehors.

- Charmant.

- J’attends.

- Comme tu le sais très bien, j’aimerais financer l’ouverture d’une série d’orphelinat sur chaque colonie spatiale. Ou du moins dans les principaux pôles, de sorte à toucher tous les enfants encore livrés à eux même.

- Je ne vois pas en quoi ça me concerne.

- Je cherche un financement.

- Et ?

- Et j’ai pensé à toi.

- Pourquoi ne vends-tu pas ta couronne pour payer tes propres projets. Tu as peur de manquer d’argent pour payer le loyer de ton palais ? A moins que ce ne soit tes réceptions trop somptueuses qui ruinent ta bourse ?

- Quatre. Je te rappelle que je n’ai qu’une rétribution financière pour mon rôle de chef « politique », confortable certes, mais en rien démesurée. Je n’ai aucune main mise sur l’argent de l’état, aussi bonne soit ma cause. Quant au palais, c’est un héritage familial. Je me vois mal le vendre. Le lieu et tout ce qu’il renferme est un patrimoine national. Il reste bien les fonds réservés aux œuvres humanitaires délivrés par notre pays et la commission de l’alliance Terre-Colonie. Mais ils sont tant sollicités que nous n’avons aucune chance d’y accéder avant de nombreuses années.

- Assez. Tu vas me faire pleurer. Ne compte pas sur moi. Je n’ai rien pour toi.

- Les sociétés de l’envergure de la Win’s corp ont pour habitudes de reverser un pourcentage de ses bénéfices à des œuvres de charité. Si ce n’est pas possible cette année. Peut-être que dans un an.

- Tu perds ton temps Zecks. Win’s corp ne reverse plus rien.

- Pourquoi ?

- A quoi bon jouer les hypocrites ? Je suis lasse de ces paroles futiles. Ces œuvres, ces orphelinats. Tout cela n’est que poudre aux yeux pour s’affirmer derrière l’image d’une vie parfaite. Et de cela j’en ai que faire.

- Quatre …

- Je t’en prie. Ces BA de boy-scouts ? On ne les fait que dans l’espoir de recevoir en échange « la bonne chance » d’un quelconque seigneur tout puissant. Mais tout cela est faussé. Il n’y a rien pour personne. Qu’on soit bon et généreux ou associable et pingre, on ne te redonne rien alors à quoi bon ? Moi je garde le tout pour me payer ce bonheur dont j’ai droit. C’est plus sûr, simple et plus rapide. Au diable les crèves la faim !

 

Stupéfait, Milliardo ne savait plus quoi répondre à cette débauche de venin.

Où était cet adolescent aux traits de chérubin tombé parmi les humains pour donner la bonne parole, offrir l’espoir et la paix dans le cœur des hommes ?

Devant lui ne se trouvait plus qu’un homme lasse et désabusé de la vie.

Il n’avait plus aucune sensibilité. Plus d’espoir. Plus de croyance en rien…

Comment un jeune homme tel que Quatre avait pu devenir si sardonique.

 

Ouvrant doucement ses barrières mentales pour percevoir le blond qu’il savait new-type comme lui, Milliardo commença à entrevoir l’immensité du problème. L’empathie de Quatre était à fleur de peau. Hérissé à l’extrême.

Frôlant la surface de son esprit, il n’y sentit que déchirures et nerfs à vif. Des séquelles incroyables pour un new-type de son age. Personne ne lui avait donc appris à se protéger des sentiments des autres pour qu’il soit ouvert aussi largement à toutes émotions extérieures. C’était un suicide mental de se laisser ainsi exposé à tout vent.

 

- Quatre, m’est-il possible de te parler d’un tout autre sujet ?

- Pas le temps. Maintenant dehors. Prince ou pas, je te fais jeter à la porte si tu ne te bouges pas tout seul d’ici à la seconde.

 

Sachant ne pouvoir rien faire dans ces conditions, Milliardo n’insista pas plus. En revanche, il était décidé à revenir. En tant que new-type, il ne pouvait pas laisser le garçon ainsi.

Impossible.

A son niveau cela équivalait à fuir un nageur en difficulté sans lui venir en aide pour le ramener à la rive.

 

Tout enfant née dans l’espace obtenait un capital psychique favorable au développement d’une ou plusieurs capacités extra sensorielles. Mais finalement rare étaient les élus, ceux que l’on nommait New-type. Lui avait eu la chance dans l’armée de Oz de croiser d’autres adultes aux capacités équivalentes, des médecins et psychiatres aussi, qui l’avait aidé à gérer ses dons, apprendre à s’en protéger et savoir suivre l’évolution de ses aptitudes sensorielles. Car elles étaient sans cesse en mouvement. Il fallait donc les contrôler à tout instant, apprendre à réadapter ses protections au rythme des changements. Ces derniers et leurs fréquences dépendaient de la personne, de sa croissance, ses hormones, de la passion d’un instant. Tout était suffisant pour briser l’équilibre fragile qui régissait leur esprit. Et à l’évidence, quelque part entre la guerre et sa reprise des rennes de la société familiale, Quatre n’avait pas su entendre les messages d’alerte de son esprit, ni eu la chance d’être entouré par les bonnes personnes. Tant et si bien qu’à ce jour, c’était à peine s’il gardait un simulacre de maîtrise de ses pensées propres. Mais une seule personne s’était-elle seulement intéressé à son cas depuis la fin de la guerre ?

 

Quel gâchis. Il comprenait soudain qu’après la guerre beaucoup trop de gamins avaient été lâché à la vie civile sans aucune prévention pour s’assurer de leur bien être et santé mentale.

*

Fin du flash back

 

04H00

 

Subitement réveillé par un coup perçu sur le visage, Milliardo tourna sa tête pour apercevoir son amant dormir profondément à ses cotés. Pour ne pas changer, celui-ci devait faire un rêve bien agité. Il bougeait en de petits gestes hérétiques ses bras et jambes à un rythme incohérent, tandis que ses yeux ne cessaient de voyager sous ses paupières closes.

 

Un comportement bien calme face à ce qu’il avait du subir au tout début de leurs retrouvailles « d’après guerre ».

 

Flash back

*

Après une série de visites toujours impromptues et peu appréciées par Quatre, celui-ci était loin de s’en faire une raison. Il ne supportait plus le comportement de leur dirigeant. Cette altesse royale qui se prenait subitement pour une nounou de luxe.

Sa colère envers Zecks gagnait la haine la plus farouche. Non contant de le harceler de sa présence, il venait de faire voter des lois contraignantes pour son holding. Annonçait à qui voulait l’entendre qu’il comptait particulièrement sur la participation de la Win’s corp pour son projet d’orphelinat. Si on ajoutait à cela ses visites chaotiques mais non moins régulières, il ne cessait plus d’attiser sa colère.

Zecks était la mouche à décoller du miel.

Du moins le croyait-il jusqu’à ce jour où tout avait basculé dan un sommet de violence et de décadence.

 

Il était allé chercher l’un des ces prostitués qui erraient le long du canal. Là ou se trouvait une succession d’hôtel crasseux qui permettaient de trouver vite et en toute discrétion un plaisir physique nécessaire pour oublier. Oublier ses journées harassantes, la haine massive de ses employés à son égard, sa solitude… tout simplement.

Comment aurait-il pu alors seulement se douter que Zecks allait venir ce jour là précisément. Et que le voyant partir dans sa voiture sans chauffeur ni escorte, il le suivrait jusqu’à ce lieu de perdition.

 

Zecks et ses visites maudites à l’improviste. Lui et son charme naturel qui lui donnait toutes les clef d’entrée. Depuis que son bureau et l’immeuble tout entier du centre ville lui était interdit. L’homme n’avait cessé de le retrouver dans toute sorte de lieux. Les congrès, restaurants, vernissages… Partout où il ne pouvait l’éloigner sans peine ou scandale.

 

Et cette nuit-là, l’ayant suivis jusqu’au bas fond de Sank Kingdom, le prince voyageant lui-même en toute discrétion dans une voiture banalisée, avait eu la surprise de le surprendre dans une occupation qu’il n’aurait jamais cru possible.

 

Apercevant de sa place de parking le manège guère équivoque de Quatre, Milliardo était écoeuré. Comment pouvait-il aller si loin dans la déchéance. Quitte à se payer un partenaire, il existait pour les hommes de leur niveau social une large offre d’escorte boys ou d’escorte girl d’un raffinement certain et au corps sain et dénué de toute vermine.

Ne pouvant en supporter plus, Milliardo sortit de sa voiture pour rejoindre le trottoir d’en face. Quatre y donnait déjà une liasse de billet à un homme semble-t-il à son goût. Un étranger à l’allure maladive, plus maigre et drogué que toute la faune locale.

 

Approchant sans détour des deux hommes, il saisit avec force le poignet du jeune PDG pour le contraindre à lui faire face. Un geste qui fit aussitôt fuir la proie du blond.

 

- A quoi tu joues bon sang ?!

- Que.. . Qu’est-ce que TOI tu fais là Zecks ?! Qui t’a permis de me suivre ?! Je vais porter plainte pour harcèlement si tu continues.

- Ah oui ? J’en profiterais alors pour annoncer aux autorités que tu racoles des putes pour ton bon plaisir le vendredi soir en sortant du bureau.

- Qui te fait croire que c’était moi le client ?

- Tu veux jouer à ça ? Très bien.

 

Saisissant à nouveau avec poigne le bras fin de Quatre, Merquize l’entraîna sans mal jusqu’à l’entré du premier hôtel.

 

- Qu’est-ce que tu fais ?

- Je rattrape mon erreur. Je t’ai fait perdre un client alors grand cœur, je vais le remplacer.

 

Un billet sur le comptoir, une clef reçue en échange et il attira sans douceur le jeune homme jusqu’à leur chambre. Là Quatre se retourna pour le contrer. S’il espérait le voir soumis, il allait déchanter. Personne ne pouvait poser la main sur Quatre Raberba Winner ! Pourtant, ce fut d’une gifle qu’il se sentit aussitôt partir vers l’arrière. Se relevant dans la seconde, Quatre rendit immédiatement coup sur coup. Ce n’était ni sexe, ni baise. Un simple combat à point serré. Une lutte sans merci entre deux ennemis décidés à vaincre et terrasser l’adversaire. Frappant, griffant, luttant de toutes ses forces exaltées par sa haine farouche contre son aîné, Quatre réussit à marquer à plusieurs reprises le visage de Zecks. Mais ce dernier définitivement plus grand et plus fort, réussit à le repousser violement sur le lit y trouvant sans surprise des attaches à chaque extrémités.

Parfait.

Il ne lui manquait vraiment plus que ça pour compléter ce tableau sordide.

Noyé dans son propre comportement méprisable, Zecks lia aussitôt les chevilles de Quatre à chaque montant du lit. Avant de l’approcher au plus prêt du bord. Lui enfonçant le visage dans les coussins, il l’arqua ainsi à l’extrême. Une position parfaite pour qui savait en profiter. Un simple coup de couteau, que l’ex-soldat gardait toujours à sa cheville, lui suffit à ôter toute trace de vêtement sur le chemin tout tracé de la possession suprême. Il ne lui restait plus qu’à finir son forfait. Un acte si simple et si terrible à la fois.

 

Zecks hésitant à agir, cet instant de pause suffit à redonner voix à Quatre.

Malgré sa situation.

Malgré l’abaissement de sa position, il ne pouvait accepter de capituler face à l’ennemi.

 

- Tu n’oseras pas ! Tu es trop lâche et peureux pour agir comme un homme.

- Tu paris ?

 

Ne supportant pas cet excès d’insolence, il le pénétra alors aussitôt. D’une seule poussée. Déchirante, brutale, jusqu’à la garde. Une pénétration laissant écouler le sang sur la moquette noircie.

Serrant les dents, Quatre ne réagit pas, attendant la rage au ventre qu’il en termine. A défaut d’accepter cette position de soumission, il profiterait de la jouissance physique issue de cette copulation masculine. Cela lui convenait presque autant que lorsqu’il était le bourreau de ces jeux sexuels. Habituellement il dominait. Ce soir, on le baisait. Mais alors qu’il sentait le sexe de Zecks s’épaissir un peu plus encore, prémices à son explosion, Quatre redouta une fin trop rapide. Il ne fallait pas tout de suite. Il devait lui laisser le temps…

 

Se vidant suite à une dernière poussée des plus brutales et profondes, Zecks ignora consciemment le sexe tendu et palpitant de Quatre. S’il voulait le soulager, ce dernier n’aurait qu’à s’y prendre à l’ancienne. Seul avec sa main droite ou la gauche, au choix de ses préférences.

S’enlevant lui, enfin du corps disloqué, il repoussa une dernière fois Quatre sur les couvertures sales, avant de sortir de sa poche revolver un portefeuille noir. Quelques billets choisis au hasard, lancés au visage du blond et il sortit. Un ex-terroriste de son envergure réussirait bien à se détacher seul de ses entraves de cuir.

 

Une fois à nouveau dehors, se dirigeant presque tremblant vers sa voiture, Milliardo [1] n’y croyait toujours pas. Il venait de vivre un rêve. Ou plutôt un véritable cauchemar. Cela ne lui ressemblait pas d’agir de la sorte. Même pendant la guerre, il n’avait jamais commis d’actes semblables. Tuer oui. Mais toujours dans des combats. A la loyale. Pour un idéal. Jamais en vain. Une vie était trop importante à ses yeux pour ne pas la respecter. Alors la bafouer comme il venait de le faire…

 

La tragédie voulait que ce soir, désireux de comprendre l’état d’esprit de Quatre, il s’était fait happer par celui-ci. Bien qu’en partie extérieur à ses conflits mentaux et habituellement maître de ses propres dons, il s’était laissé envahir. En quelques secondes à peine, sa colère et celle de Quatre s’étaient mêlées puis associées à cet amalgame de sentiments incohérents issus de l’empathe. Et devant la conséquence de cet unique instant de perdition, il ne s’étonnait plus du carnage que cette empathie surdéveloppée avait pu faire dans la vie de son possesseur.

 

Non loin de là. Abandonné, prostré et encore offert au moindre passant de par la porte de la chambre laissée grande ouverte, Quatre ne savait plus comment réagir. Un mélange de colère infernale et de détresse profonde l’envahissait tout entier. Il allait le tuer pour l’avoir touché de la sorte sans lui donner un quelconque retour en échange. Oui. Il allait le tuer de ses propres mains. Le détruire, réduire son nom de la planète terre et des colonies toutes entières.

*

Fin du flash back

 

06H00

Quatre l’avait finalement haïs de toute son âme et de tout son corps.

Tout cela avant de se laisser vaincre par de nouveaux sentiments.

Au point qu’aujourd’hui, endormit dans ses bras, il ne soit plus qu’une petite chose minuscule.

 

Aujourd’hui.

 

Soupirant de tendresse et d’amour mêlé, Milliardo laissa ses mains se perdre dans la chevelure d’or. Une douce caresse qui eut pour conséquence que son amant se blottisse un peu plus encore entre ses bras.

 

A l’époque où tout avait basculé vers l’optimisme et l’amour tendre, désireux que tout soit clair dans la relation qu’ils partageaient, Zecks avait exprimé la palette complète des sentiments qu’il portait à Quatre.

C’était il y a si longtemps déjà. Des années. Une décennie.

Et pourtant, il se revoyait parfaitement les lui confier.

Il le considérait aussi bien comme un frère à protéger, un ami à écouter qu’un amant à discipliner.

Car oui, l’ironie avait voulu que lui aussi le considère un peu comme son petit frère.

Mais  ici c’était un amour incestueux qu’ils prenaient tout deux plaisir à consommer.

 

Se nichant dans les bras de Zecks, Quatre re-viva à son tour, cette descente aux enfers. Comme en réponse dans son sommeil aux souvenirs de son compagnon.

 

Flash back

*

La nuit était tombée depuis des heures quand Milliardo entra dans l’immeuble de la Win’s corp. La nouvelle secrétaire, encore une, l’avait appelé sur le numéro qu’il leur confiait à toute. Un numéro spécial pour qu’elles ne passent par aucun filtrage de son entourage. On pouvait être prince et aspirer à une vie privée. D’autant qu’étonnement, chaque personne, chaque individu issu de son peuple ayant en possession ce numéro tant désiré, avait toujours su l’honorer en n’en abusant pas. Une preuve de respect à son égard qui le poussait à le leur rendre.

 

Toujours est-il que la jeune femme effrayée par une énième crise de son supérieur l’avait appelé à l’aide, ayant semblé comprendre qu’il était l’un des rares amis de l’homme d’affaire. Le dernier même. Elle avait jugé qu’il s’agissait là d’un moment d’extrême urgence nécessitant cet appel de détresse.

 

Quand il arriva au dernier étage de la tour située en plein cœur du quartier des affaires, le jeune prince Régnier invita la jeune femme à rentrer chez elle. S’en assurant, il entra alors seulement dans le grand bureau, ce lieu tant redouté depuis maintenant une année [2] par tout employé de cet holding.

 

Il y trouva aussitôt Quatre en pleine catatonie.

Recroquevillé sous son bureau, véritablement tremblant de fièvre, il délirait des mots sans sens…

A cet instant, il comprit qu’il avait enfin réussi son effroyable forfait. Le jeune homme était définitivement brisé. Mentalement comme physiquement.

Une boule de nerf à vif qui ne régissait plus à aucun stimuli orales ou mentales.

 

- Pardonne-moi petit prince du désert. Mais il le fallait.

 

Voulant le porter pour le déplacer sur un fauteuil ou tout autre lieu plus adapté que la moquette du bureau, Milliardo obtient un refus franc et brutal.

 

- Tu dois rentrer chez toi Quatre. Tu ne peux pas rester ici.

- Non. Pas chez moi… pas chez lui.

 

Ne pouvant le laisser dans cet état alors qu’il était en partie la cause de cet effondrement. Milliardo fit ce qu’il désirait depuis si longtemps sans en obtenir le droit. Il enleva tout simplement cette silhouette maligne à son existence actuelle.

 

~*~

 

Trois jours plus tard, Quatre ouvrait enfin des yeux à nouveau emplis de clarté et d’intelligence.

Il se sentait bien. Etonnement en paix avec lui-même.

Entrouvrant les paupières, il se découvrit en premier lieu dans une chambre claire, spacieuse, totalement inconnue. Un léger voilage dosait la lumière du soleil tandis que la fenêtre ouverte laissait entrer un vent doux.

Il était si bien.

Aucune pression dans sa tête. Juste le calme, la sérénité et l’absence de toute pensée cohérente.

Sur ce simple constat, il ne voulait pas savoir où il se trouvait. Juste profiter de ce calme si nouveau et inattendue. Simplement… reposant.

 

Refermant les yeux, Quatre se laissa doucement re-sombrer dans un sommeil réparateur.

 

~*~

 

- Petit prince…

- hum…

 

Une douce caresse sur la joue. C’était si bon. Si tendre

 

Milliardo était rassuré. La fièvre était enfin tombée.

Ne restait plus qu’une âme meurtrie à reconstruire et un corps délaissé auquel redonner vie.

 

- Pardonne-moi pour tout ce mal que tu as du subir par ma faute Quatre. Mais il le fallait. C’était indispensable. Tout détruire pour reconstruire. C’est la méthode la plus efficace. Même si la plus douloureuse.

 

Loin de ses paroles de réconforts, Quatre se laissait submerger par ses sens.

L’instant vécu était si appréciable. Bien sur Heero était souvent doux et prévenant avec lui. Ils n’avaient pas vécu ensembles que des moments durs. Certains souvenirs étaient même beaux. Mais combien réellement non entachés de la présence du fantôme de Duo dans l’esprit du nippon ?

 

Heero pensait à LUI quand il le caressait de la sorte. Toujours. Il s’imaginait quelle serait SES réactions, SES désirs, SES attentes. Mais à cet instant, l’image renvoyée par son bienfaiteur était la sienne.

C’était bel et bien à lui qu’on pensait en le caressant. Une pensée volontaire. Auquel s’associait l’évidence que cette personne prenait du plaisir à lui en donner.

Une vérité si claire, si limpide comme une eau pure, qu’elle suffisait à laisser ses barrières détruites à terre.

Elles n’étaient pas utiles. A quoi bon se protéger de ce qui vous voulait du bien. C’était comme un baume qui se déposait sur des plaies à vif.

 

Mais ce bonheur fut de courte durée. Déjà le sommeil rouvrait ses portes, l’y attirant avec force.

S’effaçant sous ce sentiment de bienveillance qu’on lui portait si subitement, Quatre ne lutta pas. Tout comme il ne chercha pas l’identité de cet étrange bienfaiteur, se reposant juste entièrement sur lui.

 

~*~

 

Ces phases de repos bienfaitrice durèrent plusieurs semaines avant qu’il n’ouvre enfin les yeux sur ce qu’il lui arrivait réellement. Il se trouvait alité dans un lit. Ce dernier situé dans une suite de l’aile ouest du palais de Sank. Là, il recevait chaque jour trois à six visites de son hôte de marque, Milliardo Peacecraft en personne. Comme à cet instant où le soleil enfin haut, il se réveillait d’une longue nuit douce et apaisante, Zecks assit au bord du lit.

 

- Tu es réveillé ?

- Oui.

- Tu te sens capable de te relever un peu ?

- Je pense que oui.

- Tu as faim ?

- Je… oui.

- Parfais. Relève-toi.. Doucement. On va manger sur la terrasse. Si tu veux bien partager ton repas avec moi ?

- Bien sur.

- Il va falloir re-développer tout ce vocabulaire ou je vais croire ne pas me trouver avec le bon pilote.

 

Ignorant la pique qui se voulait taquine, Quatre accepta en revanche l’aide physique de son hôte, soulagé de s’asseoir enfin. Le moindre pas était si douloureux et difficile. Comme s’il ne restait plus une once de muscle dans tout son corps. Lui qui avait été un athlète émérite par le passé. Quel gâchis.

 

- Je suis content de te voir manger depuis trois jours. Tu es si maigre. Ton corps tout entier arrivait au bout de ses forces.

- hum.

- Pas de moue je te prie.

- …

- Tu sembles ne pas en prendre conscience, mais c’est important que tu reprennes des forces. Les poches de solution saline ne te rendront jamais ce corps si parfait qui plaisait tant aux femmes du pays.

 

- A quoi bon ?

- hm ?

- A quoi bon, chercher à retrouver un corps attirant ?

- Quelle question. C’est important Quatre. Dans une certaine mesure, cela t’aidera déjà à t’accepter toi-même. Te sentir bien dans ta peau. Aimer voir le reflet de ton visage dans un miroir. Comprenons-nous bien, je ne cherche pas à te rendre narcissique. Mais toute guérison, quelque en soit la nécessité, commence par l’acceptation de soi.

- hum.. 

 

Bien que peu convaincu par cette explication, Quatre n’en bouda pas pour autant son déjeuner. De toute façon, il ne se forçait pas. La faim bien présente ne lui laissait même aucun choix. Et quelque part, il sentait que c’était très bien ainsi.

*

Fin du flash back

 

08H00

 

Rouvrant les yeux sur un torse imberbe à force de soin, Quatre y nicha un peu plus son visage.

Il aimait cette odeur d’homme qui imprégnait la peau de son amant.

 

Depuis son premier réveil dans cette aile privée du Palais, beaucoup de chose avait changé entre eux. Après la haine et l’incompréhension, était venu le temps de l’écoute et de l’apprentissage. Ils avaient appris à se connaître. Appris à s’entendre, se confier… puis finalement, se consoler et s’offrir de l’amour. Une illusion de perfection qui n’était pas moins entachée de moments de pure passion sauvage et incontrôlable. Un incontournable pour tout couple mêlant deux personnes de forts caractères, comme les leurs.

 

Embrassant le torse tant apprécié, Quatre remonta doucement, à son rythme, jusqu’à la mâchoire qu’il parcouru de nombreux baisers.

 

- hum ?

- Je veux encore…

 

Réveillé par cette étrange requête le concernant, Milliardo observa amusé son chaton se mouvoir tout contre lui.

 

- Encore quoi ?

 

Un baiser pour toute réponse, le mit sur la piste de la demande

 

- Je vois.

 

Répondant finalement aux baisers venu s’apposer sur ses lèvres, Zecks renversa le corps frêle mais non moins musclé et en pleine force de l’age de son cadet. Il était bien décidé à obtenir ses gains cette fois-ci.

 

- Je te rappelle que tu t’es endormi cette nuit.  A force d’agir ainsi, je vais finir par croire que mes baisers et caresses te fond l’effet d’un somnifère.

- Oups. Pardon….. Milliardo

 

Un baiser sur la tempe et Quatre se mit en œuvre de rattraper sa mégarde. Il n’avait que trop connu par le passé ce sentiment de frustration d’être oublié ou laissé pour compte.

 

Et puis, pour une fois, ils avaient le temps de s’aimer ce matin.

Enfin… Ils devaient bien avouer que même en semaine, il leur arrivait fréquemment de prendre ce temps nécessaire pour s’aimer librement et sans empressement. L’un des avantages de leurs très hautes positions. Au grand damne de leurs secrétaires respectives. Deux jeunes femmes devenues amies par la force des choses et la fréquence de leurs appels l’une à l’autre pour tenter de mieux positionner leurs patrons insaisissables comme l’air.

 

Il s’agissait d’une toute nouvelle secrétaire pour Quatre. Une jeune femme venue à son service bien après sa rémission. Tout son entourage proche avait été ainsi changé dans le but de ne plus garder de mauvais souvenirs sur ses années noires et sa descente aux enfers. Tous ses anciens collaborateurs avaient donc été reclassés dans d’autres sociétés à des postes équivalents ou supérieurs. Tous très loin de leur « nouveau » leader.

 

Oubliant finalement très vite tout ce qui n’était pas l’autre, Quatre et Milliardo firent l’amour en ce petit matin de jour férié.

 

Flash back

*

Durant la convalescence de l’héritier Winner, les visites de Zecks se répétèrent durant des jours et des semaines.

Et puis enfin Quatre accepta sa présence en tant que telle.

Pas celle d’un simple ami. Mais bien d’un homme désirant construire un peu plus à deux.

Milliardo, comme il appréciait qu’on le nomme, était patient, présent, offrant sans limite son calme mental et la douceur de ses gestes. Mais il gardait toujours une certaine retenue. Un distance raisonnable pour ne pas sembler asphyxier de sa présence trop fréquente l’air qui avait tant manqué à Quatre.

Jusqu’au jour où les lèvres empressées du prince avaient agit contre toutes ses promesses intérieures.

Il ne voulait pas aller plus loin avec Quatre, du moins pas avant qu’il ne soit convenablement remis.

Mais il lui était définitivement bien difficile de ne pas succomber à cette perpétuelle tentation qu’était là simple présente du garçon pour lui.

Le plus surprenant resta alors la réaction du jeune empathe à ce geste si universel.

 

- Pourquoi Zecks ?

- Ce baiser ? Parce que j’y pense ou plutôt j’en fantasme, depuis des mois.

- Non. Pourquoi moi ?

 

- Ca. J’avoue que je ne sais pas vraiment. Je me souviens avoir toujours été impressionné par l’adolescent que je croisais parfois durant la guerre. Par sa force, son courage. Par la suite, le retour de la paix nous a éloigné les uns des autres. Mais à distance, j’ai été de nouveau séduit par l’homme. Ce n’était qu’un désir de papier jusqu’à ce que je prenne conscience que les rumeurs te concernant disaient vraies. En m’y attachant un peu plus, j’ai alors appris à te connaître, toi et tes profondes blessures. Alors ce simple fantasme s’est mû en un sentiment plus vrai, plus profond aussi. Mais surtout plus juste et honnête envers toi.

 

- Comment pouvais-tu ne serait-ce qu’être attiré par moi au départ ?

 

- Ca c’est une question idiote. Tout simplement parce que tu es beau Quatre. Bien sur, on ne retrouve plus ses traits d’adolescent qui faisaient ton charme angélique autrefois. Mais cela n’en respire que plus la fluidité de tes traits. Tu n’es pas un ange à mes yeux. Tu es un homme à part entière. Dans ton regard, ton corps, ton visage. Tu portes les souffrances et les combats que tu as fait subir aux autres et à toi-même. Tes cicatrices sont aussi nombreuses sur ta peau laiteuse que dans ton esprit. Et ce sont elles, qui embellissent ton être tout entier. Tu n’es pas le monstre qui a torturé mais l’âme meurtrie qui a su se relever malgré toutes les difficultés.

 

Zecks caressant à cet instant la joue de son ami tout comme l’esprit qu’il effleurait de son propre don, Quatre s’entendit gémir. La conséquence inédite d’une inattendue douleur à ressentir toute cette douceur l’envelopper.

C’était là, le point de départ de la plus douce des nuits.

Loin. Très loin de ce souvenir ténu et improbable de la possession violente et dégradante de Quatre par son aîné, ils partagèrent par la suite, une véritable communion de leur sens et de leur être tout entier.

 

~*~

 

Au réveil, Milliardo expliqua à nouveau les règles fondamentales à respecter pour tout new-type. Sans relâche, il poursuivait son apprentissage des différentes techniques de relaxation et de construction de barrières de défense digne de ce nom. Alors comme chaque jour, il construisit avec son amant une nouvelles pierres à son édifice mental. A ce rythme il leur faudrait encore travailler de nombreux mois pour s’assurer que tout était enfin sûr et solide. Une période bien plus longue encore, si les informations se perdaient comme à l’instant, dans un flot de nouvelles caresses. Pour l’avoir enfin goûté, s’en être rassasié jusqu’à plus soif, Zecks doutait de pouvoir à nouveau un jour se passer de cette peau laiteuse au goût sucré.

 

- Zec…Milliard.

- hum ?

- Pourquoi, je ne ressens plus rien via mon empathie depuis mon réveil ici ?

- Parce que je t’ai volontairement drogué et isolé pour atteindre cet objectif.

- Quoi ?

 

Soupirant pour la forme, Milliardo s’installa confortablement sur son flanc droit pour débuter ce qui serait certainement une  longue suite d’explications.

 

- Je t’ai d’abord installé dans un lieu où personne n’a le droit d’entrer. Les quelques rares à y être autorisé ont un esprit qui ne comporte aucune menace pour toi. Elles ignorent tout de ton identité, mis à part que tu es jeune et blessé. Raison pour laquelle, elles ne ressentent tout au plus qu’une compassion sincère à ton égard.

- Mais…

- La drogue, elle, ne fait qu’annihiler tes récepteurs sensoriels. De leur présence dans ton sang, tu ne contrôles plus rien. Toute tes pseudo barrières sont donc à terre. C’est le seule moyen pour nous de pouvoir en construire de nouvelles plus puissante sans que les anciennes interfèrent. Si on ajoute ton désir inconscient de stopper le cauchemar éveillé que tu vivais et ta nature profonde, initialement pacifique, cela explique le pourquoi de cette subite paix que t’inspire ce lieu.

 

Jouant avec les cheveux blonds reposant sur le visage encore si maigre, Milliardo attendit patiemment la suite des questions.

 

- Je…ces drogues ?

- Ne crains rien. J’emploi ce terme pour nommer une substance chimique qui n’est rien d’autres qu’une molécule similaire à celle prise par les personne souffrant de migraines violentes. Il n’existe suite à sa prise aucun risque de dépendance. C’est comme si le commun des mortelles se contentait de prendre de l’aspirine.

- Oh.

- Rassuré ?

- Oui.

 

- Quatre. Tu te sens bien ?

- hm.

- Je n’en crois rien. Dis moi ce qui te tracasse encore.

- C’est juste… la Win’s corp. Que devient-elle ? J’ai la sensation d’être ici depuis des semaines. Il faudrait que j’y retourne. Ils doivent avoir besoin de moi.

-  Déjà, je te confirme que tu es bien présent chez moi depuis un mois. Mais ne t’inquiètes pas pour tout ce qui n’est pas toi et toi seul. Tu dois te soigner avant toute chose. Ne pas penser à tout ce qui arrive à l’extérieur. Fais-moi confiance pour ce sujet. Ta société est entre de bonnes mains.

- Tu t’en occupes ?

- Tu rigoles ? J’en serais bien incapable. Non, j’ai envoyé au front plusieurs de mes hommes de confiance. Des spécialistes de la finance. Ils ont pour ordre de ne rien bouleverser. Juste s’assurer que la maison tourne en gérant les urgences uniquement. Une sorte de régence, en attendant ton retour, si retour tu désirs une fois soigné. Dans le cas contraire, il te suffira d’élire un Directeur Général et tu seras enfin libre de toutes ces contraintes qui t’ont parmi tant d’autres, dévoré de l’intérieur.

- Mais comment ? Comment mon absence a-t-elle pu passer inaperçu jusqu’ici ? Les actionnaires vont porter plainte. Ils vont faire des enquêtes….

 

S’agitant à cette énième découverte, Quatre se sentit repoussé avec douceur au fin fond du lit.

 

- Chuuuut. Calme toi ou je ne te réponds plus.

- …

- Nous avons réussi la transparence grâce à ta secrétaire. Tous « tes » ordres factices sont transmis par son intermédiaire. Ta réputation étant actuellement d’être lunatique voir exécrable…

- Et c’est peu dire..

- … Personne n’ose venir chercher la colère du dragon. Bilan, ils sont tous plutôt rassurés et content de n’avoir plus aujourd’hui qu’à te supporter par note de service interposée.

- hum.

 

Se renfonçant de lui même sous les couvertures, Quatre se mouva inconsciemment dans les bras de Zecks. S’il aimait toucher sa peau, lui voulait fondre en son corps. On devait se sentir si bien dans cette enveloppe si forte et accueillante. Un baiser perdu sur le torse de son aîné et Quatre le lui dit enfin. Ce mot si important qu’il gardait en lui depuis le retour de toute sa conscience.

 

- Merci. Merci pour toute cette tranquillité que tu viens de m’offrir. J’ai la sensation de sortir d’un cauchemar long de plusieurs années. Sans toi, j’y serais encore plongé et je n’ose l’imaginer.

- Je suis plutôt triste, moi. De ne pas avoir pu agir plus tôt. Tout ennemis ayons nous été par le passé, j’étais finalement le new-type le plus proche de toi depuis des années. C’était donc à moi que revenait la tache de t’apprendre à mieux gérer ton empathie. Et mon retard en la matière est inacceptable.

- Quand ai-je mal agit ?

- Je pense que durant la guerre, tu as du laisser ton esprit trop souvent ouvert sur tes compagnons d’armes. Tu n’aurais jamais du abuser de ton empathie comme tu l’as fait. Non seulement c’était mauvais pour toi, mais nous n’en avons pas le droit. L’intimité de notre entourage est précieuse. Aucun new-type aux dons mentaux n’a le droit de la violer aussi impunément

- C’est faux. Je ne l’utilisais que pour les percevoir. M’assurer au cours ou en fin de mission qu’ils étaient sains et saufs.

- Au tout départ, je n’en doute pas. Mais c’est comme une drogue. On ne la maîtrise pas si facilement. Très vite ce n’est plus toi mais elle, qui a joué les marionnettistes. Tu t’es retrouvé progressivement manipulé. Tes incursions dans l’esprit de tes amis sont devenues de plus en plus fréquentes sans que tu n’en prennes conscience. Jusqu’à ce que ce soit un statut permanent. Ne pouvant alors contrôler leurs actes bien qu’ayant accès à toute leur réflexion, tu as perdu toute notion de ce qui venait de toi et d’eux. Tu n’aurais jamais du ne serait-ce que soupçonner ce qu’il pensait de toi et pire d’eux-mêmes ou des autres. Tu t’es ingéré en eux et  les contradictions étaient si fortes que tes actions sont devenues plus lourdes de conséquence jusqu’à l’apothéose. Jusqu’à ce que tu agisses contre toute logique, contre tes propres sentiments et tes propres dogmes.

 

- Raconté comme ça, cela semble si simple.

- Simple oui. Mais la phase ultime n’en était pas moins ta mort. Tu n’en prends peut-être pas conscience mais tu as frôlé la rupture quand je t’ai retrouvé dans ton bureau. Encore un peu et il ne restait plus de toi qu’un corps vide. Un légume bon à hospitaliser. Mais grâce à Dieu, il n’en a rien été.

 

Embrassant une dernière fois son petit prince du désert sur cette prière de remerciement d’avoir échappé au pire, Milliardo fut touché de sentir son amant se blottir un peu plus encore dans ses bras.

*

Fin du flash back

 

10H00

 

Ce fut finalement à la suite d’une longue grasse matinée que les deux hommes se levèrent enfin. Passé un brin de toilette, ils déjeunèrent d’un repas léger. Un repas qui ne passait pas sans mal pour l’empathe. Quatre redoutait plus que tout ce qui résulterait de cette journée. Le stresse s’amplifiant à chaque minute, il ne pouvait plus rien boire ou avaler. Sa gorge était serrée à l’extrême.

 

- Quatre…

- Je n’y peux rien. Ca ne passe pas.

 

Soupirant devant la torture mentale qui prenait à nouveau toute son importance pour son compagnon, Milliardo le rejoint pour l’entourer de ses bras. Ils n’étaient pas si habitués aux débordements de tendresse en dehors de leur chambre. Mais aujourd’hui était un jour particulier. Et l’évènement à venir nécessitait qu’il soit présent à ses cotés. Plus que jamais, son cadet avait besoin de tout son soutien.

 

Cette après midi, ils allaient les revoir.

Après plus de 10 ans de séparation et de silence, Quatre avait enfin accepté de retourner voir ses amis.

Ses anciens frères d’armes.

Heero et Duo.

Dans moins de 2h à présent, ils seraient de nouveau face à face.

Et de ces « retrouvailles » allaient aussi dépendre le futur de celui qu’il aimait.

 

A suivre.

 

[1] Des fois que vous ne l’auriez pas remarqué, j’appelle Zecks : « Milliardo » quand c’est le prince aux commandes de l’homme et Zecks quand c’est l’ancien soldat qui parle. Quatre ne le connaissant que comme ennemi (donc soldat), l’appelle toujours Zecks. Quant à la présence de « Merquize » c’était pour souligner l’aspect : cruauté suprême ^_^’’ Si vous pigez rien, pardon, mais c’est juste pour expliquer que la nomination du personnage suis sa psychologie (je sais je me prend toujours autant la tête pour pas grand-chose ;p)

[2] Si tout le monde sait compter. Le 1er flash back se déroulait 6 mois après le départ d’Heero et à présent nous sommes 6 nouveaux mois plus tard. Cela fait donc 6 mois que Zecks embête Quatre de sa présence massive ;p Mais nous sommes au temps présent, 10 ans après « une semaine ». Là encore, si tout le monde a suivi, vous êtes fortiches ;p

 

Bon, comme vous l’aurez compris, la première partie concernait le passé de Quatre et la seconde relatera les « retrouvailles » ;p Une suite toujours en chantier que je me dépêche d’écrire. Mais comme toujours je pensais faire une one shot de 10 page, et si cette partie en fait 13, la suite bien que plus courte de moitié va nécessiter beaucoup de temps (temps que j’ai pas, ce qui complique fortement la tache ;(( ) Sinon, je ne sais pas ce que vous allez penser du couple Zecks x Quatre. Mais à la relecture d’ « une semaine », il m’est apparu comme une évidence alors j’espère qu’il sera au moins accepté par une partie des lecteurs.

 

mimi yuy