Auteur : Mimi Yuy

Email : mimimuffins@yahoo.fr 

Origine : Gundam Wings

Disclamer : Aucun des go-boys ne m’appartient

Genre : Pas vraiment de genre, mais ca tendra plus

 

 

 

 

Une aile de papillon…

 

 

 

Chapitre 6 – Instants d’espoir. (Pov Duo).

 

La semaine a été longue.

Longue, longue, longue…

Soupirant à en fendre l’âme, j’en gémis presque de dépit.

Si mes recherches avançaient, ça n’en était pas moins à pas de souris en pleine crise d’arthrite !

Repoussant ma chaise à roulette de la paillasse où se trouvait notre microscope dernier cri, je décidais d’arrêter là mon étude des globules blancs du « Patient 36 ».

 

Depuis la fin de la guerre, quand la paix avait été durablement installée, poussé par une frustration née de nos combats contre Oz,  j’avais décidé de donner un nouveau tournant à ma vie. Enfant de la rue, autodidacte sur tous les sujets que j’avais pu appréhender dans ma jeunesse ou apprendre grâce à mon premier mentor : G, l’adolescent qu’ils voyaient tous comme peu instruit et heureux de cet état, avait fait le choix de reprendre ses études.

En soit, rien d’exceptionnel, si cela n’avait été pour une spécificité des plus ardus : « Médecin chercheur spécialisé dans les maladies orphelines d’origine spatiale ».

Il y avait bien d’autres branches de la médecine qui me tentait. Mais en tant que spacer – enfant née de l’espace – quitte à choisir une spécialité, j’avais avec celle-ci la sensation de lutter pour les derniers oubliés de la vie. Ces hommes, femmes et enfants pour qui la guerre ou la paix n’avait rien changé à leur cauchemar. Pour qui la vie n’avait jamais été que souffrance et malheur.

 

Ayant enfin terminé mes longues études de médecine, pourtant raccourcies de moitié en raison de mes facilités et de mon choix précoce quant à ma spécialité, je me trouve à présent sur la dernière ligne droite : terminer mon sujet d’étude de thèse. Et le sujet étant un cas réel, si je pouvais en profiter pour trouver une vraie solution aux rares patients concernés, j’obtiendrais non seulement mon diplôme, mais aussi la reconnaissance de mes paires, bien maigre récompense face au bonheur et soulagement que cela engendrerait surtout pour mes petits patients. Quarante cas recensés de par l’espace. Tous âgés de moins de 10ans, la durée de vie liée à cette maladie encore sans nom, n’ayant jamais à ce jour dépassée les 15ans.

 

La motivation étant grande, j’ai dés le départ prit le partie de ne pas compter mes heures. Si bien que cela faisait déjà six mois que je travaillais d’arrache pied, aidé dans mon entreprise, par un groupe sans cesse croissant de stagiaires issus des premières années de médecine, tous de plus en plus soudés autour de mon projet. Une véritable émulation qui me poussait un peu plus encore à ne pas rater, à réussir l’exploit que tous attendaient de moi.

 

Baillant, je prends conscience à cet instant que je ne suis pas rentré chez moi depuis plus de cinq jours. Un coup d’œil à la pendule du labo m’indique qu’il est déjà 3h du matin. Une vraie douche, un vrai déjeuner, voir une vraie nuit de 5h…. définitivement épuisé, l’idée même de ces trois actes simple me pousse à délaisser enfin ma paillasse. J’y laisse les résultats de mes dernières études, clairement exposés. Tout étant en place pour la journée de demain, je sais pouvoir quitter les lieux sereins. Tous mes stagiaires savent parfaitement ce qu’ils doivent faire pour les sept jours à venir. Le tout étant consciencieusement noté et classé sur un tableau de 4 mètre de long affiché sur toute la longueur du couloir menant à mon labo. Avec un tel planning, n’importe lequel de mes « petites mains » est remplaçable par n’importe quel nouvel arrivant. Ainsi, je limite au maximum toute cause de retard. Tant et si bien que de temps à autre, je peux les abandonner sans peine, le temps d‘une demi-journée.

 

Dés mon entrée dans mon petit studio, je n’attend pas plus pour commencer à me déshabiller, oubliant tout autre envie que celle de me laisser tomber dans mon lit pour enfin y dormir. Mais par un affreux acquis de conscience, j’allume tout en enlevant mon jean, mon pc personnel, histoire de lire ma boite mail. La dernière fois, elle m’indiquait que mon compte bancaire était dans le rouge ! Pas faute d’avoir de l’argent, mais faute d’avoir juste pensé à virer le contenu de ma bourse universitaire sur le compte d’où cet argent sortait…

Entre les spams, publicités et quantités de proposition de sortie entre étudiant-chercheur, je vois avec plus d’étonnement l’étrange présence de nombreux mails envoyés par Quatre. N’ayant guère le temps pour tous dépiauter, je fais le ménage en supprimant le tout, ne gardant plus que les six mails de Quatre et celui de Wufei.

Cela fait si longtemps que je n’avais pas eu de leurs nouvelles, qu’une telle quantité envoyée en si peu de temps me fait un peu peur. Oubliant la fatigue, j’ouvre sans plus attendre le premier message datant de 5 jours.

Ce que j’y li me fait l’effet d’une douche froide. Heero a eu un accident grave. Tremblant de peur, j’ouvre le second mail, priant pour qu’il m’annonce qu’il est finalement déjà sorti d’affaire. Mais ce que j’y découvre est à nouveau bien au deçà de mes espoirs.

 

&&&&&&&

 

Je crois avoir pleuré à cet instant.

Je crois avoir maudit mon Dieu et toute l’humanité à cet instant.

Je ne voulais pas y croire. Je le refusais avec une force folle, mais rien ne pouvait effacer une vérité aussi brutale et incontournable.

A la lecture des dernies mails, je pris sur moi pour ne pas craquer et hurler toute ma haine.

Pourquoi avait-il fallu que cela tombe sur lui ?

Il n’y avait pas homme plus consacré à sa cause !

 

Ne sachant pas comment réagir face à cette information aussi inattendue qu’insupportable, je regardais sans plus attendre l’heure qu’il était sur Sank. 18h… Soupirant, n’ayant aucune excuse pour attendre d’avantage, je pris mon courage à deux mains. Décrochant mon  téléphone fixe, j’y tapais les numéros de sortie du système spatiale de L2 suivis de ceux de liaison pour la Terre et plus précisément vers l’hôtel particulier de Quatre à Sank. Un transfert réellement hors de prix, qui à lui seul couterait autant qu’une semaine de bourse. Mais aussi improbable que cela soit, j’appelais en PVC, Quatre ayant tout simplement et de lui-même, ouvert cette ligne à mon nom. Je trouvais cette excentricité trop extrême pour l’avoir jusqu’ici utilisé, mais dans les conditions actuelles, le besoin d’entendre sa voix était trop fort !

 

Alors non sans trembler de tout mon corps, je composa les numéros et attendit patiemment que l’on décroche. Avec de la chance Quatre serait déjà rentré chez lui. Et grâce à Dieu, ce fut bien le cas, décrochant son téléphone après juste deux sonneries.

 

- Quatre. C’est moi.

- Trowa est près de moi, nous t’écoutons Duo.

- Je viens tout juste de recevoir tous tes mails.

- Tu as tout compris ?

- Malheureusement oui. Tu ne saurais être plus clair.

 

Ce que j’appris ne fut à cet instant que la confirmation et le développement des mails déjà très détaillés que m’avait envoyé Quatre. L’horreur et la stupéfaction n’étaient pas un millième des sentiments que je pouvais ressentir. Tout comme ce gout de bile qui ne me quittait plus depuis la première lecture.

 

- Duo ? Tu vas rentrer ?

 

La question que je redoutais. Comment lui faire comprendre ? S’il n’y avait que moi, bien sur que je serais déjà dans une navette pour les rejoindre ! Mais tous ces gamins, tous ces gens qui comptaient sur moi ici… Comment pourrais-je leur faire défaut alors que nous approchions tant d’un résultat signifiant ?!

 

- Quatre, je… je ne peux pas vous rejoindre. Pas tout de suite

- Mais… Enfin, non. Je comprends. Tu as raison de toute façon. C’est inutile que tu viennes aussitôt. Son état ne va pas bouger avant longtemps et tu as consacré tant de temps pour tes études. Je sais que ton passage devant le grand jury est pour bientôt.

- Il y a tant en jeu Quatre.

- Ne t’excuse pas. Je comprends parfaitement.

- Je dois rester encore un mois pour terminer. Mais après cela, je ferais mon possible pour venir au plus vite à vos cotés.

- Je n’en doute pas un instant Duo. Nous te faisons confiance.

 

Merci. Merci Quatre. Je vous jure que je ferais au plus vite.

 

- Savez-vous quelque chose de plus depuis ton mail d’hier ?

- Malheureusement non. Les médecins ne trouvent aucune raison autre que cérébrale. Mais cherchent-ils vraiment ? Je l’ignore. Tous semblent si persuadé qu’il est mort. Que seul son cœur qui bat permet au reste de survivre. Ils… Ils nous ont déjà demandé à penser aux dons d’organe Duo… Malheureusement pour eux, son corps entier se maintenant en vie depuis toutes ces semaines de coma, ils n’ont aucune solution pour le tuer pour de bon. Imagines-tu seulement qu’ils tentaient sans qu’on ne le réalise vraiment de le tuer de faim ?!! Je m’attèle depuis ce matin à compulser les lois pour en obtenir la garde et pouvoir exiger les soins dont il a besoin. A ce jour, c’est au gouvernement qu’incombe cette tache et ils ne font rien ! C’est une course contre la montre Duo !!

 

Je ressens toute sa panique de ne pas savoir quoi faire. Il n’a pas confiance aux médecins et je peux le comprendre. A priori, ils n’ont pas été à même de lui fournir suffisamment d’information pouvant étayer leurs conclusions. Alors si je ne peux les rejoindre tout de suite, je peux au moins me rendre utile.

 

- Je te fais confiance Kitty Cat ! Tu sais, comme je sais, que tu es le seul à pouvoir le sortir de leurs griffes. Alors je t’en supplie, fait tout ce que tu peux pour devenir son tuteur ! Je t’en supplie Quatre !

- Je te le promets Duo.

- Promet moi encore une chose Quatre !

- Tout ce que tu veux.

- Envoi moi tout ce que tu pourras trouver sur l’état de santé d’Heero ! Je veux tout avoir ! Leurs rapports, les radios, clichés de scanner, analyses sanguines complètes ! Je veux tout connaître de sa condition actuelle et des circonstances de son accident.

- Je ferais de mon mieux Duo. Nous n’avons toujours pas accès à son dossier médical mais je vais lancer mes avocats sur ce sujet !

- Bien.

 

Au silence qui suivis, je ne su que dire pour le rassurer. Trop prit par ma propre peine, j’ai cru un instant qu’aucun d’eux n’aurait pu la comprendre. Mais il n’en est rien. Nous sommes tous bien trop proche les uns des autres pour qu’il ait pu en être autrement.

 

- Quatre.

- Oui Duo ?

- Je te promets une réponse. Cela prendra le temps qu’il faudra mais je te donnerais une réponse.

- C’est tout ce qui nous importe Duo.

- Bien. Je dois te laisser maintenant. J’attends vos dossiers au plus vite. Ok ?

- Je m’en occupe Duo. Dans 24h au plus tard tu auras tout ce que tu as demandé. Après quoi, je ferais en sorte de transmettre tes demandes ici.

- Merci Trowa. A bientôt les gars.

 

Cette promesse Acquise, je dus raccrocher. Rester plus longtemps avec eux était inutilement couteux. A présent, mon esprit voulait me pousser à retourner aussitôt au laboratoire reprendre mes études. Mais mon corps n’en était pas moins épuisé. Combien de temps tiendrais-je si je ne prenais pas de repos ? Les idées et la réflexion cérébrale avait aussi besoin de calme pour être efficace, aussi du-je faire le choix qui me semblait le plus égoïste et atroce. Poursuivre mon idée première et me coucher le temps de quelques heures. Sachant que je ne saurais dépasser ma honte, je pris dans ma trousse à pharmacie, un demi-somnifère. Juste de quoi pousser mon corps à entrer en sommeil.

Car malgré mon envie de tout abandonner, je devrais retourner au laboratoire dés le lendemain. Je ne pouvais plus me permettre de perdre la moindre minute pour terminer cette étude.

 

A la frontière du soleil, je priais mon Dieu pour que Heero comprenne que je devais terminer cette thèse pour sauver une simple poignée d’enfants. Et en mon fort intérieur, j’étais malgré tout assuré qu’il aurait été d’accord avec moi.

 

&&&&&&

 

Ma thèse dûment et convenablement terminée, mais en trois mois au lieu d’un seul, je pu enfin me consacrer à mon ami, mon frère d’arme, le seul en qui j’avais confié ma vie aussi souvent qu’à son tour. J’espérais ardemment que le jour de nos retrouvailles, il trouverait la force non pas de me pardonner mais juste de comprendre les raisons de ma lenteur à lui venir en aide.

 

Mais j’avais réussi !

Aussi dur que cela fut pour toute mon équipe, nous avions réussi !

Nous avions élaboré un cheminement thérapeutique crédible et réaliste.

La seule ombre au tableau, fut finalement ma fuite inexpliquée et inexplicable à leurs yeux. Un départ aussi précipité qu’inattendu qui ne m’avait finalement pas permit d’obtenir la reconnaissance de mes paires malgré l’engouement généré par mon exploit au sein de mon groupe de travail.

 

- Vous ne pouvez pas partir maintenant ? Vous avez conscience que l’on vous propose une place dans le plus grand hôpital de L2 ? Vous auriez un service pour vous tout seul ? La possibilité de poursuivre vos recherches et suivre vos patients ?

- Soyez sûr que je ne pars pas pour un autre hôpital. Des raisons personnelles me poussent juste à devoir rejoindre les miens pour un temps indéterminé. Je ne peux donc m’engager dans quoique ce soit, à présent.

- Mais…

- Ma décision est prise et irrévocable. Pardonnez-moi maintenant, mais ma navette décolle dans moins de trois heures et j’ai mes bagages à récupérer.

 

Si j’avais toujours été en première ligne de front, le bilan de ma thèse, n’en avait pas moins été l’issue d’un travail collectif, dont les résultats étaient le fruit de l’implication de chacun. Aussi partais-je la tête haute et fière de ce que ces quatre dernières années de ma vie avaient fait naître. Même si ce serait là ma seule réussite.

 

- Vous réaliser que vous auriez pu faire entrer votre nom dans l’histoire avec un tel exploit dés la fin de vos études ?

 

A cette remarque, je souris non sans peine, ayant toujours prit garde qu’on ne me connaisse pas ici comme un ancien pilote de Gundam.

 

- N’ayez crainte Professeur. Né sans nom, je n’avais nul intension de laisser se vide inscrit dans l’histoire.

 

C’est sur ces mots que je quittais un lieu que je savais au fond de mon cœur ne jamais revoir de ma vie.

 

Après avoir minutieusement lu et analysé un bon millier de fois tous les documents obtenus par Trowa, j’avais durant ces derniers mois déjà eu l’occasion d’étudier le cas non moins hors norme d’Heero. Et assez vite, j’avais pu obtenir le soulagement, tout relatif, de découvrir que malgré toutes les certitudes des médecins de Sank, il restait bien une infime part d’activité cérébrale dans son cerveau. Si rien dans la médecine moderne ne pouvait nous affirmer ou infirmer que cela suffisait juste à faire vivre son corps ou lui laisser l’objectivité de son état, la seule présence d’ombre rougeâtre sur son dernier scanner, si difficilement obtenu par Quatre, m’avait conforté dans l’idée que nous devions au moins tenter d’expliquer son état. Après seulement, aurions-nous une petite capacité de chercher comment l’en soigner.

 

Après une dernière visite à mon Eglise, la réplique exacte de feu l’église Maxwell, je quittais L2.

Une colonie en pleine reconstruction qui vivait un véritable boum économique et morale.

Un peu d’argent et beaucoup de bonne volonté avaient permis à cet ancien cimetière de se reconstruire une vie et un avenir que l’on croyait pourtant à jamais impossible durant la guerre.

C’était aujourd’hui l’une des destinations les plus prisées. Le lieu de toutes les possibilités !

Un véritable Eldorado pour tous ceux qui avaient de la volonté et pas forcément beaucoup de moyens ou des diplômes. Le lieu ou de simples SDF sans le moindre sou construisait des empires !

Le lieu où s’installait les meilleurs Centres de recherche spatiale et médicale.

Tout cela grâce aux sommes conséquentes investies par les Colonies unies pour réfectionner le système de rotation de la planète ainsi que l’installation des tous nouveaux logiciels de gestion du temps factice. L1 et L3 faisait pâles figures devant nos installations modernes.

Tout cela était si loin de ce qui avait existé avant guerre…

On ne pouvait regretter des taudis. Ils n’en avaient pas moins été ma première demeure…

 

Je fis un choix difficile le jour où je bouclais enfin mon balluchon pour quitter ces lieux où je m’étais reconstruit un présent et un avenir utile et confiant. Mais l’avenir me prouverait que je n’aurais pas à le regretter. Du moins je tentais de m’en convaincre. Car au lieu de me rendre sur Terre rejoindre mes amis au chevet d’Heero, je partais en direction d’une destination un peu plus lointaine encore. A l’autre bout du système spatial où je me trouvais. Plusieurs semaines de voyages parfois infructueux pour finalement atteindre un coin paumé, loin de tous et tout.

 

Découvrir le bon endroit n’avait vraiment pas été chose aisée. Mais avec l’aide de petits génies du piratage informatique, croisés des années plus tôt sur les bancs de la fac, j’avais finalement pu localiser l’homme que je cherchais depuis près d’un mois. Le seul que je jugeais à même de pouvoir m’aider à résoudre ce qui avait tout lieu d’être sans espoir, ni solution.

 

Le professeur J !

 

Cet homme à l’aspect étrange et à l’âge quasi canonique restait après Odin Low, ce qui s’était le plus approché d’un père pour Heero. Et je savais qu’aussi bourru et désagréable, il pourrait être avec moi, que cet homme ne me refuserait pas son aide. Du moins l’imaginais-je au tout départ.

J’en doutais un peu plus, une fois devant une drôle de porte métallique située à l’extrémité d’un mur d’une hauteur infranchissable, le tout perdu au milieu d’une zone quelque peu désertique d’une planète aussi petite que la seule région Ouest de L2.

Si je n’avais pas fait route avec le préposé à la distribution des colis par envois privé, Dixit monsieur UPS lui-même, je n’aurais pas cru qu’une quelconque âme pouvait vivre en ces lieux.

 

L’homme parti, je tentais d’ouvrir cette drôle de porte, quand le bruit caractéristique d’une première déflagration me rendit presque sourd, atténuant l’intensité de la voix s’exprimant suite à cela dans un haut parleur.

 

- Qui que vous soyez partez !

- Je… J  C’est 02 ! Je vous en prie ne tirez plus ! J’ai à vous parler !! C’est très important ! Ouvrez-moi !

 

Car croyez-moi, je ne me serais pas amusé à venir vous chercher jusqu’au fin fond de la galaxie si ça n’avait pas d’importance.

 

J’ai eu beau murmurer ces derniers propos, je crois bien que c’est à leur écoute que le vieux ouvrit finalement son bunker, d’un déclenchement à distance.

 

J’entrais finalement à peine dans un couloir glauque et sombre qu’une silhouette se détacha à son extrémité. Aucun doute le vieux chnoque n’avait pas changé d’un pouce.

 

- Qu’est-ce que tu veux ? On ne t’a pas dit que j’étais mort ?

- Si. Mais une drôle de rumeur courrait aussi que vous vous planquiez pour finir vos beaux jours en compagnie du King et de Maryline, alors j’ai voulu voir ça de mes propres yeux.

- Toujours aussi crétin.

- Plus ou moins. Ca doit dépendre des moments.

- Qu’est-ce que tu veux ?

- Votre aide… pour tenter de sauver un ami commun.

- Aux dernières nouvelles cet ami dore au soleil de la station thermal de L138.

- Je ne parlais pas de G.

- Ne te fais pas d’illusion 02, nous n’avons pas d’autre ami commun.

- Ma venue concerne Heero.

 

A ce nom, je ne sais si j’ai rêvé mais je cru voir ses prunelles s’assombrir de peine. Après quoi, il fit marche arrière tout en m’hurlant dessus.

 

- Heero Yuy est mort.

- Alors 01 si vous préférez ! Quelque soit la manière dont vous le nommez, il a besoin de nous.

 

Alors que je le poursuivais dans ce maudit couloir, il se retourna brutalement mettant entre nous l’espace de sa canne appuyée sur mon torse.

 

- Heero est mort ! Je suis peut-être loin du monde actuel, je n’en ai pas moins les nouvelles qui m’importent.

- Alors prenez le temps de lire les bonnes informations et non celles qui sont transmises sans honte dans les réseaux d’information des Preventers.

- Que veux-tu dire ?

- Je veux dire que l’organisation pour laquelle Heero a consacré toute sa vie n’est qu’une toile de mensonge qui fait des pieds et des mains pour le faire considérer comme mort alors qu’il n’en est encore rien !

 

Apercevant une once de doute dans la tension de son corps, j’insista avec force.

 

- Laissez-moi vous le prouver ! J’ai avec moi suffisamment d’informations pour que vous ne puissiez en douter !

 

Ce fut à cet instant, une douloureuse et très longue minute de silence qui s’installa. Suite à laquelle, il rabaissa sa canne, pour repartir vers l’extrémité de son fichu couloir.

 

- Si tu ne suis pas, je ne t’attendrais pas.

 

Comprenant par là que j’avais enfin son accord, je le suivi sans plus un mot jusqu’à une seconde porte qui mena tout simplement chez lui.

 

Je dois avouer avoir toujours imaginé cet homme, à moitié machine, à force de rafistolage, vivre perdu au fond de la galaxie dans un laboratoire de sorcier moderne à réaliser expériences morbides et manipulations de jeunes enfants victimes de son sadisme. A l’image de sa demeure, certes, bien perdu au fin fond du monde, je devais avouer avoir pêché d’orgueil.

 

Les lieux accessibles par un couloir métallique aussi sombre que froid, semblaient l’image même de « l’Eden ». Un sentier entouré de dunes de sable fin, un soleil artificiel aussi brulant qu’inoffensif, un lac artificiel d’un bleu limpide et non loin de cette plage paradisiaque longé de cocotiers et de palmiers, une villa-bungalow devant laquelle dormaient profondément pas moins de trois chiens. Tous des bâtards, certainement aussi atypiques qu’ils devaient être attachant.

 

- Tu sembles déçu 02.

- C’est juste que…

- Tu pensais peut-être que je martyrisais une armée d’enfants pour une guerre à venir tout en produisant des armes aussi dangereuses qu’inutiles ?

- Non, c’est juste… Ok. Il y avait peut-être un peu de ça. Mais avouez que votre comportement durant la guerre ne pouvait guère m’aiguiller sur ce genre de retraite.

- Etre ferme et autoritaire pour espérer que votre élu survivre au pire, fait donc de moi un être insensible et inhumain. Soit. Quelle est donc la vraie raison de ta venue ici en ayant pareille certitude ?

- J’ai besoin de vous pour résoudre une énigme médicale.

 

C’est finalement installé sur la table de son salon, devant un portable, encore une fois bien en opposition avec le complexe informatique que j’imaginais caché au cœur de sa demeure qu’il lu une partie du dossier médicale que j’avais apporté avec moi.

 

- Alors ?

- Je ne nie pas qu’il existe bien une chance que son esprit ait survécue. Le tout est de connaitre la raison exacte de son état végétatif.

- Vous avez tous devant vous.

- Tout ? Moi je ne vois que les rapports après accident.

- Et alors ?

- Tu as fait des études de médecine à ce que j’ai compris ?

- Oui.

- Et qu’elle est donc la première règle à suivre quand on analyse un patient ?

- Je…

- Seigneur, tu as séché combien d’UV pour ne pas le savoir 02 ?

- Je dois le savoir, c’est juste que j’ignore ce que vous voulez me faire dire !!!

- « Précédents » !

- Précédent quoi ?

- Les précédents du patient ! Vous semblez tous croire que l’état de Heero est du à l’explosion dont il a été victime. Mais qu’est-ce qui nous dit que son état actuel n’est pas lié à un problème de santé ayant précédé cet accident.

 

Devant cette évidence, je su que j’avais trouvé la bonne personne.

Si à nous deux, nous ne trouvions pas d’explications, alors personne n’y arriverait.

 

- Tu as gagné 02… Je vais vous aider.

- Merci, je…

- A une condition !

- Je vous écoute.

- Tu ne me dis pas «  tout ce que vous voulez ! » ?

- Je ne fais pas de promesse dont j’ignore la teneur.

- J’exige que personne à part toi n’ait connaissance de mon aide. Ni même de ma survie !

- Pourquoi ?

- Pourquoi ? Car après ce cas, il y en aura un autre… Demande après demande, je ne serais plus jamais tranquille.

- Mais vous accepteriez de « déranger » votre retraite pour lui ?

- C’est la seule personne en cette galaxie qui ne me soit pas redevable.

- Et certainement la seule en qui vous, vous êtes redevable.

- Accord conclu 02 ?

- Accord conclu J. Je ne vous ferais pas défaut.

- Bien.

 

Je su dans son regard, que tout incompétent il ait pu me croire par le passé, mes faits de guerre et certainement de médecine, lui avait depuis prouvé qu’il y avait un peu de cervelle sous cette natte qu’il détestait.

Et plus encore, quelque soit nos ressentis communs l’un pour l’autre, nous devions admettre que nous étions liés à jamais par la même envie. Celle de sauver la personne qui nous était très certainement la plus chère : Heero Yuy.

 

C’est ainsi qu’avec son aide, je pu entreprendre de nouvelles études et de nouvelles recherches. La première étant de trouver tous les documents relatifs au dossier médical d’Heero ayant précédés son accident. Sur ce point, nous pouvions remercier les Preventers d’imposer une visite de routine chaque mois à tous leurs éléments placés sur le terrain. Grâce à cela, nous avons pu découvrir qu’Heero souffrait depuis de nombreux mois déjà, de maux de tête à répétition allant parfois jusqu’aux vomissements.

 

- Une angine mal soignée semble en être la raison. Des crampes aux membres inférieurs et supérieurs ont aussi été révélées à la dernière visite.

- Concentre-toi sur les symptômes 02. Réunis les tous et prend en compte l’espacement de chaque nouveauté.

 

Et à force de chercher et fouiller dans le passé médical d’Heero, de réclamer des compléments d’analyses à Trowa, vint enfin le jour où nous pensâmes avoir enfin trouvé une ébauche d’idée.

 

- Maladie de Steele, Richardson et Olszewski ?

- Je penche plus pour le syndrome de Guillain-Barré.

- Vous êtes sur J ?

 

Comme toujours quand il était effectivement sur de lui, J ne me répondit pas.

C’était ainsi avec lui. Ne parler que pour dire ce qu’il pouvait assurer. Un trait de caractère qui n’était pas si éloigné de celui d’Heero en temps de guerre. Au moins je savais maintenant d’où il le tenait.

 

- Alors Heero aurait commencé à développer la maladie un peu avant l’accident.

- C’est probable.

- Mais comment ? Ou plutôt pourquoi ? Il a toujours été en parfaite santé jusque là !

- Les raisons sont aussi multiples qu’inexplicables. Mais les symptômes initiaux se regroupent dans la liste de ceux associés à la maladie.

- Mais cela n’existe plus de nos jours !

- Tu sais, les progrès de la médecine ont eu beau avancer depuis des centaines d’année, il n’empêche qu’on peut toujours mourir d’une grippe pour peu que l’on soit faible et mal prit en charge. Tu me sembles le plus à même de le comprendre de par ton enfance. Le problème maintenant, c’est que ce genre de maladie était déjà rare à l’époque terrestre d’Avant Colonie. Alors de nos jours, noyée dans le confins de l’espace, sa fréquence devient si infinitésimalement petite qu’on ne vous en parle plus du tout dans les cours et revues de médecine.

- Je sais. C’est un peu pour ca que je me m’étais spécialisé dans les maladies orphelines.

- Une vocation bien rare de nos jours Car cela ne rapporte vraiment rien si tu compares cela au salaire que tu aurais si tu avais choisit chirurgie.

- Cela n’a jamais importé pour mon choix.

- Et aujourd’hui ?

- Aujourd’hui je me spécialiserais dans le syndrome de Guillain-Barré, s’il le faut.

- Sauf que Heero ne contient pas encore tous les symptômes.

- C'est-à-dire ?

- Sa paralysie est effective, mais dés l’apparition de la maladie, il n’aurait plus du pouvoir déglutir ou se nourrir.

- Il est nourrit par sonde gastrique directement branchée sur son estomac depuis sa sortie du coma.

- Et pour la respiration ? Si ce n’est pas la majorité des cas, beaucoup de malade développe des infections des poumons ou présente des difficultés respiratoire chronique.

- La maladie ne s’est peut-être pas encore totalement déclenchée ?

 

Finalement sur notre piste, nous avons demandé des analyses et contrôles supplémentaires à Trowa.

A aucun instant, je ne leur ai fait part des personnes travaillant à mes cotés. Il s’agissait toujours d’amis et confrères mais jamais du professeur J. Et finalement Quatre et Trowa furent tout simplement persuadé, sans que je ne le dise jamais, que je me trouvais tout simplement de retour à mon ancienne université sur L38.

 

Au bout du compte, il m’avait fallut plus de trois mois pour terminer mon doctorat tout en trouvant une réponse à Quatre sur les chances qu’Heero soit bel et bien conscient de son état. Un bon mois pour retrouver traces de J et encore deux longs mois pour qu’à nous deux, nous élaborions une hypothèse concrète et viable, basée sur des recherches poussée. Alors enfin satisfait de ce premier résultat, je décidais d’en informer mes anciens compagnons d’armes.

 

- Quatre ?

- Tu en es sûr Duo ?

- Absolument pas ! Mais c’est le plus crédible que nous ayons trouvé.

- Alors c’est le nuage de Kristal qui aurait inhibé tous les récepteurs de sensibilité ?

- En quelque sorte oui. Heero souffrirait d’une accumulation de facteurs déclenchant. En premier lieu, tout nous pousse à croire qu’il n’allait pas tarder à déclencher le syndrome Guillain-Barré ! Rien ne pourra jamais le prouver, mais son état actuel et les maux aussi infimes soient-ils qu’il avait déclaré au médecin des Preventers nous prouvent que ce n’est pas illogique de relier sa paralysie totale à cette maladie.

- Il nous suffit donc de la soigner pour qu’il retrouve toute sa mobilité !

- Ce serait trop simple. Il n’y aurait que cela, il suffirait effectivement. Ce genre de symptôme, une fois le pic de gravité passé, se guérit sans trop grandes difficultés. Il peut y subsister des séquelles à vie. Mais cela se traduit par une non récupération totale de sa mobilité, comme des fourmillements perpétuelle dans les membres, une fragilité de son corps ou des douleurs aux articulations. Ce genre de choses... Rien que notre médecine nouvelle et ton argent ne saurent résoudre à plus ou moins long terme Quatre.

- Alors nous pouvons le sauver ?

- Malheureusement, nous pensons que la maladie s’est déclenchée précocement suite au stress poste traumatique de l’explosion tout en étant subitement « stoppée » dans sa progression par les effets de l’absorption en trop grande quantité de la drogue par son organisme. Les effets de base du Kristal sont les délires hallucinatoires mais aussi une capacité à détendre à l’extrême tous les muscles en atteignant les nerfs et les enrobant de sa substance. Avec le temps, le produit est en quelque sorte « digéré » par l’organisme, dilué dans le sang puis finalement évacué. Mais aux vues des quantités respirées par Heero. Si une dose classique de 1g s’évapore au bout de 12h, combien crois-tu qu’il faille pour qu’un même corps se débarrasse du nuage de poussière provoqué par l’explosion de 600 kilos ? Sans aucune action de notre part, il faudra encore plusieurs années pour que le corps de Heero perde tous les effets de cette drogue !

Or, en l’état actuelle des choses, nous supposons que faute d’être évacuer, la substance c’est entourée durant sa phase de coma tout autour des gaines de myéline de son système nerveux, lui-même déjà mis à mal par le syndrome de Guillain-Barré.

En d’autres termes. Les effets secondaires de la drogue seraient à l’origine des faibles réactions électriques de son cerveau. Tandis que son immobilité ne serait, elle, due qu’à la maladie. Les deux conjugués provoquent son incapacité à bouger la majorité de son corps mais aussi d’effectuer les plus infimes mouvements par sa propre volonté, comme ses mains ou paupières. Non pas parce qu’il ne le peut pas, mais parce que ses signaux électriques sont trop faibles pour être transmis jusqu’au bout de leur chemin, en raison de canaux saturés par la drogue.

 

Au silence qui suivi ma très longue présentation sous le visage fermé de J, acquiesçant avec gravité mes propos, je savais que Quatre devait prendre sur lui pour ne pas craquer devant l’immensité du problème. Aussi je ne fus pas le moins du monde surpris d’entendre à présent la voix de Trowa.

 

- Puisque nous avons une explication qui semble des plus logiques et crédibles sur son cas. Que pouvons-nous faire à présent ? N’y a-t-il pas un moyen de renverser les conséquences de la drogue pour « débloquer » le processus de sa maladie, afin ensuite de pouvoir la traiter elle.

- Si. C’est même de la sorte que nous devrons procéder ! Malheureusement le Kristal n’est pas un produit si simple à se procurer. Et même si j’en possédais pour en faire des analyses, ce ne serait pas forcément de la même composition que le produit réellement ingéré et respiré par Heero. Après quoi, ce genre d’étude pourrait nous prendre des mois, des années même ! C’est assez complexe à élaborer.

 

C’est à cet instant que je fus à mon tour surpris. J’ignore pourquoi mais je n’imaginais pas que lui aussi soit présent.

 

- Duo.

 

Wufei, était aussi aux cotés de Quatre et Trowa depuis le début de notre conversation.

 

- Oui.

- Combien de quantité de Kristal te faut-il ?

- Je ne sais pas trop.

 

Observant J, ce dernier m’inscrivit sur un bloc note, le chiffre impensable de …

 

- 5 kilos !?

- Tu les auras.

- QUOI !!!

 

Aussi surpris par l’information que je venais de révéler en la lisant à haute voix que par la réponse aussi ferme qu’inattendue de Wufei, je du les rendre sourds, malgré la distance.

 

- Le nuage de drogue disparu, l’intégralité du chargement dont Heero effectuait la surveillance a été mit sous scellés par les Preventers en guise de pièce à conviction pour cette affaire. Bien que les responsables de par leur mort n’aient pu être poursuivis, nous avons sans aucun doute possible, conservé ces preuves. Je ferais en sorte d’y prélever tes 5 kilos et de te les envoyer à l’adresse que tu nous communiqueras.

- Mais… Mais tu ne peux pas faire ça Wufei !! C’est illégal ! Non seulement tu risques de te faire virer mais surtout de finir en prison si on découvre ce vol !

- Parce que tu crois que me procurer du kristal qui court dans les rues, serait sans moins d’implication pour ma carrière ? Quitte à la mettre en risque, autant que ce soit pour de bonnes raisons. S’il te faut la drogue d’origine pour mieux travailler, tu l’auras, un point c’est tout. Cela n’est pas même sujet à discussion.

 

Sachant bien les raisons qui le poussaient à agir de la sorte, je ne pu qu’acquiescer d’un murmure.

 

- Merci Wufei.

- Tu sais bien que nous aimerions faire tellement plus.

- Je sais.

 

Oh oui, je le savais et je priais mon Dieu que Heero garde tout espoir en nos capacités pour le sortir de là ! Je ne l’avais pas dit aux autres, mais dans les symptômes du syndrome de Guillain-Barré, il y avait des douleurs musculaires atroces. Nous pensions à raison – j’en étais même persuadé à ce jour – que par la présence de toute cette drogue latente dans son organisme, Heero ne pouvait rien ressentir. Mais le jour où nous allions l’en débarrasser, alors cela ne serait plus si simple pour lui. C’était un avenir de souffrance qui l’attendait. Et j’espérais que notre lenteur à trouver une solution menant à un état si douloureux ne serait pas à l’origine de trop de haine à notre égard.

 

&&&&&&

 

Finalement, comme promis par Wufei, nous reçûmes avec J, la drogue nécessaire pour réaliser nos recherches. Après avoir transformé sa cuisine en laboratoire de fortune et élever assez de souris pour rendre fou ses trois chiens tous aussi adorables que collant, nous avions débuté nos expériences et analyses.

Cela ma fit mal au cœur de droguer à surdose ses pauvres rongeurs dans le seul but de tester sur eux des solutions pour détruire par la suite toute la drogue présente dans leur sang et dans leurs nerfs. Mais nous n’avions pas le temps de travailler sur de simples analyses informatiques projetées sur des logiciels de simulations. Seuls les résultats physiques pouvaient nous conforter dans nos recherches.

 

Finalement, ce fut près d’un an après le jour de l’accident d’Heero que nous trouvâmes une solution qui nous semblait tenir le coup.

 

- Et si cela ne marche pas J ?

- Ca ne lui fera pas plus de mal de toute façon. Alors cesse tes jérémiades Duo et vas-y !

 

N’ayant guère le choix, j’avais fais le jour même de nos conclusions, mon baluchon pour quitter ce recoin de la galaxie avec le sentiment ténu que je n’y retournerais jamais.

 

Peut-être est-ce la raison pour laquelle je ne pu m’empêcher de serrer J, cette machine au cœur d’homme, entre mes bras. Peut-être est-ce aussi la raison pour laquelle il n’en dit rien et se laissa faire, m’appelant même à cet instant et pour la première fois par mon prénom et non plus, par mon matricule. Quitter ses trois chien aussi fut difficile. Mais je n’avais pas le temps, ni le cœur aux adieux. Alors d’une caresse et d’un simple au revoir, je quittais le bungalow, le lac et sa plage dont je n’avais pas une seconde profité. Pas par manque d’envie, mais par ressentiment et honte suprême de pouvoir seulement songer au repos tant que Heero ne serait pas « sauvé ».

 

Ce fut donc finalement un an après notre conversation téléphonique entre Quatre et moi, que je revins enfin sur Terre.

Enfin.

A quelques pas de lui.

 

&&&&&&

 

Face à la porte d’entrée du manoir de Quatre, je tremble de peur malgré la chaleur exceptionnelle de ce début de printemps.

 

Je dépose finalement mon lourd sac sur le devant de la porte d’entrée. Dans son antre se trouve un grand nombre de fioles réfrigérées contenant notre solution « miracle » ainsi que mon portable, contenant lui, toutes les recettes et données pour en produire plus et l’adapter aux besoins d’un homme. Car il ne fait aucun doute que nos analyses faites sur nos souris risque d’être à revoir pour la corpulence d’un homme comme Heero.

Mais pour tous ces ajustements, je savais pouvoir encore compter sur J. Il m’avait promis à mon départ de répondre à tous mes mails jusqu’au jour du rétablissement complet d’Heero. Après quoi, j’ai l’intime conviction qu’il disparaitrait de nouveau et qu’il nous serait encore plus dur pour ne pas dire impossible de le retrouver.

Mais je pouvais le comprendre. Après la guerre, nous avions tous rêvés de vie calme et loin des combats. Il n’y avait bien que pour Heero que J pouvait abandonner sa retraite. Oui, juste pour lui.

 

Quoiqu’il en soit, vue l’heure, il n’y a aucun doute que Quatre se trouve encore à son bureau du centre ville. Tout comme je me doute qu’après quatre sonneries tapageuses sans réponse, personne ne viendra m’ouvrir la porte.

Ceci étant, ce n’est pas comme si ce genre de serrure allait me bloquer. Je n’avais peut-être pas réalisé ce genre de forfait depuis des lustres, ca n’en restait pas moins comme le vélo : Le genre de chose qu’on n’oublie jamais vraiment.

 

Me sachant de toute façon, le bienvenu dans la demeure, c’est sans complexe que je prends deux de mes bonnes vieilles épingles, retenant mes mèches folles auprès de ma natte, pour forcer la porte d’entrée. N’est pas voleur professionnel qui veut.

 

Une fois en la demeure, je dépose mes affaires dans un coin, enlève ma veste légère et entreprend tout aussitôt de partir à la découverte des lieux. Je peux bien l’avouer, je n’ai qu’une envie depuis plus d’une année ! Voir enfin Heero !

Hormis les descriptions les plus terribles de Quatre je n’avais pas exprimé le souhait d’avoir une photo de lui. Pas que je ne voulais pas voir son état de mes yeux. Mais je trouvais l’image d’une personne le photographiant contre son grès, pour conserver une image qu’il ne pourrait lui que haïr, trop douloureuse pour seulement la lu faire vivre !

C’est donc préparé au pire des visions et très concentré sur notre face-à-face que j’en oublie un détail de taille… son infirmière

 

- Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah

 

Ok.

Trouver un inconnu chez soit sans savoir comment il est entré peut surprendre. Mais a-t-elle besoin de hurler à la mort de la sorte ? Je n’ai pas d’arme. Pas plus de bijoux, sortant de mes poches. Bon je suis « là » certes. Mais voilà quoi, je ne suis pas non plus Jack l’éventreur ! Et la seule présence de photos dans la demeure où je m’y trouve en compagnie de Heero, Quatre et les autres, devraient quand même suffire à enlever les derniers doutes !

 

- On se calme mademoiselle ! Je suis un ami de Quatre Winner ! Je suis entrée avec son accord, vous n’avez donc pas à vous inquiétez !!!

 

Et pour seule réponse, j’ai droit à un nouveau hurlement.

 

- Aaaaaaaaaaaaaaaaaah

 

Finalement, je me résous à prendre mon portable et téléphoner à Quatre.

Malgré nos vies difficiles, moralement parlant depuis l’incident de Heero, c’est d’un rire pur et cristallin qu’il me répond.

 

- C’est ça ! Fous-toi de ma gueule ! Je te précise quand même que là, elle est descendue appeler les flics !

 

L’information ne semblant pas l’inquiéter outre mesure, Quatre n’en ris que de plus belle.

 

Finalement, la Mathilde accepte de prendre mon portable en main et écouter son patron.

L’affaire réglée, Quatre rappelant de son coté la police, je peux enfin entrer dans la chambre de Heero.

 

Et ce que j’y vois…

 

- Oh Heero.

 

…me fait un coup au cœur.

Dans tous les dossiers, il était fait notion d’une paralysie faciale asymétrique lui donnant un rictus difforme. Or il n’en est rien là !

En une année d’écoulée, les effets de la drogue dans son organisme commence doucement, très doucement, mais tout aussi surement, à s’estomper.

 

Ses yeux tournent virent dans tous les sens, au son de mon entrée, preuve qu’il est certainement capable de s’exprimer, s’il en prenait seulement conscience.

Mais ne voulant, ni ne pouvant l’agresser par des vérités pas toujours bonnes à prendre aussi brutalement, je préfère ne rien lui dire. Juste profiter, enfin, de ces retrouvailles, que j’ai tant attendues.

 

- Heero. Si tu savais… Si tu savais le nombre de fois où j’ai voulu être ici à tes cotés.

 

Voir de mes propres yeux, la preuve qu’il est toujours en vie, mentalement vivant.

Dieu comme c’est douloureux. Pourquoi quatre ne m’a-t-il pas parlé de ces évolutions physiques !

Il y a subitement tant d’espoir en moi à cette simple vue de ses prunelles pleine de vie !

 

- Heero. Je n’ose imaginer quelle souffrance cela doit être pour toi de vivre de la sorte. Voir ainsi ton entourage, le comprendre, et penser certainement si fort sans pour autant que l’on ne t’entende… Ne pas pouvoir bouger doit être une maigre difficulté face à celle de ne pouvoir communiquer avec nous.

 

Ses yeux enfin fixes, littéralement plongés dans les miens, sont le dernier signe qui m’impose cette vérité brute et certaine : Il m’entend, il comprend…

C’est une certitude plus forte que toutes les affirmations déjà dites par Quatre auparavant !

Mais aussi une certitude plus douloureuse encore pour Heero qui doit devenir fou, prisonnier de sa chaire.

 

- J’ignore comment ils ont pu ne pas me tenir informer de ce que je vois, mais les faits sont là. A trop côtoyer ce qui est devant soi, on ne le perçoit plus.

 

Oh oui, seigneur, ton visage est si serein et dénué de tout stigmate.

Ne pouvant m’en empêcher, je passe doucement ma main sur ta peau soyeuse.

 

Mais c’est à cet instant, en sentant la dureté des os de ta mâchoire que je réalise aussi l’impensable. Heero, le jeune homme que j’avais en souvenir n’est plus que l’ombre de lui-même. Un sac d’os entourés de peau. Combien de kilos a-t-il perdu depuis un an ?

Une année sans bouger ni s’alimenter… C’est si terriblement long !

Pourquoi n’ai-je pas été capable d’agir plus vite ?

Pourquoi n’ai-je pas seulement pu faire l’effort de venir le voir plus tôt pour lui exprimer tout mon soutien.

 

- HeeroHeero. Je ne sais si tu sauras me pardonner un jour du temps qu’il m’aura fallu pour vous rejoindre. Mais je prie pour que ta rancune bien légitime puisse un jour s’effacer. Tu ne l’oublieras jamais et je serais bien incapable de t’en vouloir. Mais peut-être que le temps me permettra de m’en excuser comme il se doit.

 

Ce vœu me semble si perdu d’orgueil à cet instant.

Je me sens si misérable face à la souffrance qui doit être la sienne !

 

- Je vais tacher de m’installer au plus vite dans mes quartiers et  je reviens aussitôt. Ca marche ?

 

Me redressant de toute ma hauteur, je constate que le pauvre n’a guère d’occupation dans sa situation actuelle. Aussi quelques coups d’œil rapide me permettent de voir une fenêtre d’où sort un doux soleil de fin d’après-midi. Il ne m’en faut pas plus pour avoir une bonne idée.

 

- En attendant, je te déplace juste un peu. Aux vues de ce soleil éblouissant de fin de journée, ce serait dommage que tu n’en profites pas.

 

Et d’un geste habile et maitrisé, je pousse sa chaise de quelques mètres, avant de la tourner de 20° pour le placer face à cette fenêtre donnant sur le parc privé appartenant à Quatre.

 

- A cette heure les rayons sont trop bas pour t‘éblouir et un peu de lumière ne fera pas de mal à ton teint. Si tu veux tout savoir, t’es pire que moi pendant la guerre. Un vrai paquet de farine. Quatre va m’entendre de t’avoir laissé aussi longtemps enfermé !

 

Un second baisé sur sa joue pour l’inciter à bien croire en ma présence, et je me presse de rechercher mes affaires pour revenir le voir au plus vite.

 

&&&&&&

 

Dés mon arrivée, je décida de m’investir à fond.

Voir ce corps si meurtrit me fait si mal.

D’autant plus qu’il faut commencer à préparer en douceur Heero à l’idée que cet état n’est pas définitif ! Lui redonner l’envie de vivre sans pour autant lui offrir un espoir que nous ne sommes pas encore capables de lui promettre !

Quelle difficulté que cela va être.

Pour l’instant, nous avons décidé de ne rien lui dire. Laisser les choses avancer comme à l’habitude. Au moins le temps de voir si ma solution provoque un quelconque effet sur son corps.

Car à quoi bon redonner un espoir ténu pour le lui reprendre juste après ?

Le désespoir face à l’échec n’en serait que plus violent et désastreux.

Alors que là… aussi atroce que cela soit à avouer, Heero n’est plus vraiment à une semaine près pour les révélations que nous souhaitons lui faire, si les résultats s’avèrent positifs et encourageant.

 

Face à ce choix et dés mon arrivée, je décide de passer tous mes après-midi à ses cotés, dans l’idée de lui raconter ce qu’a été ma vie, sans jamais trop en dire quand cela le concerne sur cette dernière année passée à la recherche d’une solution pour lui.

 

Au second jour, réalisant le travail des plus minimalistes effectués par son kiné, je décide de prendre sa charge en la surmultipliant. Je réalise avec horreur que si Heero retrouve prochainement les sensations de son corps, ce dernier semble si faible que ce ne sera qu’un peu plus synonyme de souffrance pour lui.

 

Malgré qu’il soit allongé sur un lit à eau et régulièrement placé en position assise pour laisser une chance à sa colonne vertébrale de ne pas s’écraser, le corps d’Heero est recouvert d’escarre et autres infections liés à des problèmes de circulation sanguine faute que son corps ne soit suffisamment bougé. Voir sa peau blessée de toute part est une torture pour moi.

 

Alors avec attention, je lui prodigue toute sorte de soins, sans jamais aller au-delà du raisonnable. J’ai ainsi prit pour choix de ne pas être présent lors de sa toilette. Je me suis juste permis une observation lointaine et en cachette, la toute première fois. Une volonté avouée de m’assurer que ces infirmières sans cervelle qui avait eu le culot de le mettre une année durant devant des dessins animé d’enfant n’étaient pas totalement incompétentes. Et sur ce point, je fus rassuré. Elles étaient méthodiques, pudiques et efficaces. Rapides sans observer plus qu’il ne faut le patient et toujours soucieuses de lui laisser une certaine intimité. Des gestes sûrs et efficaces, preuves d’une longue habitude. C’était rassurant. Ils pourraient sans mal compter sur elles dés les premiers prémices de sa remise en forme.

 

Rassuré de voir son environnement a même d’être capable de faire face aux changements à venir, je continuais aussi et surtout à réaliser la raison de ma venue tardive, à savoir lui infiltrer une drogue vouée à contrecarrer les effets pervers du kristal absorbé à hautes doses.

 

Mais un soir alors que je prends pourtant bien garde de n’agir qu’à la nuit noir, je réalise non sans angoisse que les yeux d’Heero sont ouverts et fixes sur ma personne. Il n’y a aucun doute à avoir. Il est réveillée et ne peut bien évidement comprendre le pourquoi de ma présence.

Pire. Le pourquoi de mon action !

 

Mais comment lui expliquer mes raisons sans rien en dire ? Comment lui dire que je le drogue contre son gré, par expérimentation incertaine d’un produit jamais testé sur aucun homme avant lui ?

Lui avouer la vérité à cet instant, ne serait que lui donner de faux espoirs ou pire, la peur de me voir jouer les médecins farfelues. Ne pouvant non plus le laisser sans réponse, je me sortie d’une pirouette bien malhabile.

 

- Je ne peux rien te dire Heero. Mais tu dois me faire confiance.

- …

- C’est pour toi seul que j’agis ainsi. Ok ?

 

Herro semble comprendre. Une douce résiliation se fond même dans ses prunelles cobalt. Comme c’est douloureux de ne pouvoir lui crier plus violement de se battre de tout son cœur. Que nous allons tout faire pour lui. Mais j’ai si peur de rater que je me refuse de lui donner de faux espoirs.

Aussi je termine ma perfusion et le laisse, à nouveau endormi, bien décidé à ne pas ré-aborder la question avec lui avant longtemps.

 

&&&&&&

 

Alors que finalement, les semaines passent, je suis soulagé de voir que pas une seule fois Heero fut de nouveau témoin de mon action.

J’en suis rassuré, même si Quatre n’est pas très heureux d’avoir appris qu’il m’avait prit par surprise.

 

- Que crois-tu qu’il en a pensé ?

- A ton avis Quatre ? Il doit se dire que je me sers de lui comme Cobaye mais que pour agir de la sorte aucun de vous n’est au courant et qu’il n’y a donc qu’un espoir infime et insondable que cela marche.

- Bien…

 

Je me doute que Quatre est perturbé, il voudrait tellement redonner plein d’espoir à Heero. Mais si nous ratons comment lui faire comprendre que cet espoir est mort ? Il ne voudra plus se battre après ca. Je ne me souviens que trop de la promesse que j’ai du lui faire par le passé. Si cette solution n’est pas la bonne, un jour viendra où quoiqu’il arrive et quoiqu’en pense les autres, il me faudra agir en conséquence. Aussi dois-je être prudent et me laisser toutes les chances d’avoir la capacité de pouvoir mettre en œuvre une seconde tentative. Car à terme, c’est la mort que je me devrais de lui donner.

Vieille promesse d’un temps passé que je respecterais s’il le faut vraiment.

 

&&&&&&

 

Finalement les mois sont passés et notre potion, doucement adaptée à la mesure du patient semble enfin fonctionner. Malheureusement, notre hypothèse s’avère juste ! A mesure où la drogue n’a plus de prise sur le corps d’Heero, la maladie reprend ses marques. C’est ainsi que les troubles respiratoires apparaissent de plus en plus. Nous luttons contre eux avec nombre de produits mais cela ne fonctionne pas. Nous allons devoir l’intuber. Il n’y a pas d’autres solutions.

Mais ce que je redoute le plus, c’est que si ces dégradations pulmonaires apparaissent de par la contraction de ses muscles figés, cela signifie aussi que la douleur ne tardera plus à revenir elle aussi, si ce n’est pas déjà le cas !

 

Alors j’insiste auprès du médecin venu nous seconder pour qu’il branche des capteurs sur son cœur, que l’on puisse suivre son rythme cardiaque. Et ce que l’on découvre n’est guère encourageant. Aucune régularité. Son rythme ne cesse même de s’accélérer !

 

Je devine qu’il souffre, j’en suis même sûr à cet instant, ses yeux nous le confirmant que trop.

Tout se dégrade subitement à une telle vitesse que nous n’avons plus le choix !

Pour faire face à ce déchainement de panique, nous devons le plonger dans un coma artificiel, le temps que la drogue soit  totalement annihilée et que le plus gros de la maladie passe. C’est notre seul moyen de contrôler au mieux ses réactions et limiter au maximum la souffrance qui doit fuser dans tout son corps.

 

Alors que le médecin prépare les perfusions et commence son œuvre sous le regard inquiet de nos amis qui l’entourent, je me rassois de nouveau sur le coté du lit, afin de bien faire face à Heero.

 

- Heero. Je sais que tu souffres le martyre. Mais cela va cesser très vite. Nous allons te plonger dans un coma artificiel. Cela ne va pas durer longtemps. C’est pour nous permettre de te soigner plus efficacement. Tu développes une bronchite trop compliquée à traiter dans la situation actuelle. Tu comprends ce que je te dis ?

 

Je ne suis sûr de rien. Ses yeux vitreux sont opaques et me fixent comme si sa vie en dépendait. Je ne le quitte pas des yeux, respectant ce qui me semble être sa dernière volonté. J’aimerais tant le serrer à l’étouffer à cet instant. Lui faire comprendre qu’il n’est pas seul. Que nous sommes tous là à ses cotés. Il ne peut toujours sentir la main de quatre qui sert la sienne de l’autre coté de son lit, Trowa posant lui ses mains stressées sur les épaules nouées de Quatre.

Wufei, lui est assit à ses pieds, certainement trop caché par mon propre corps pour que le regard fixe d’Heero puisse l’apercevoir.

Tous nous l’entourons alors qu’il ferme doucement ses yeux pour un sommeil artificiel que nous lui souhaitons le plus profitable possible.

 

&&&&&&

 

Cela fait une semaine que le corps inconscient d’Heero se bat contre les violences chimiques que nous lui imposons. La drogue a presque totalement disparue de son corps.

 

Aux vues des résultats, nous avons augmenté au maximum les doses de ma solution, profitant du coma pour agir au plus vite. Mais supprimer tous les effets du Kristal, c’est aussi lui retirer tout procédé chimique voué à le désensibiliser. Aussi nous espérons que son sommeil est suffisamment profond pour qu’il ne ressente aucune douleur.

 

Du coté du syndrome de Guillain-Barré, le pic semble enfin passé. Si les poumons sont toujours atteins d’une infection, les muscles redonnent une chance au corps entier de respirer de nouveau normalement. Même le rythme cardiaque a retrouvé un certain calme, plongeant la chambre d’un bip régulier et apaisant.

 

&&&&&&

 

Au dix-huitième jour de son coma artificiel, nous avons stoppé toute médication vouée à provoquer son sommeil, pour le laisser, se réveiller de manière naturelle.

 

Depuis lors, je passe mes jours et mes nuits à son chevet dans l’attente de son réveil.

Et finalement, le miracle a enfin lieu.

Les paupières battirent doucement avant de s’ouvrir totalement.

Sachant que même dans l’hypothèse où il en serait physiquement capable, Heero ne tenterait pas de lui-même de bouger son corps, je fais signe au médecin, entrant sous mon alerte, via le bip que je gardait constamment dans mes mains, d’agir en m’ignorant.

C’est à son départ que je fais basculer le lit en position assise afin que Heero, puisse me voir.

 

- Tu nous as fait si peur Heero.

 

La nouvelle est si miraculeuse que j’ai hâte de lui expliquer tout ce qui aura lieu à présent.

Mais la détresse semble si grande et si profonde au fond de ses yeux que je la ressens moi-même, au plus profond de mon cœur.

Pourquoi y a-t-il tant de peine en lui ?

Pourquoi ?

 

Figé, je vois le plus incroyable. Le plus redouté.

Une larme !

Une larme fine glisse de ses yeux et le manque d’éclat évident me prouve qu’il exprime-là une détresse si subite et si puissante que je ne sais comment y faire face.

J’attendais : regain d’espoir et bonheur du réveil qui ne seraient qu’amplifié par mes futures révélations.

Et ce n’est finalement que… profond désespoir proche de l’anéantissement.

Qu’ai-je fais ?

 

Choqué et blessé, je suis.

Mais aussi avant tout, fou de douleur de ne savoir comment venir en aide à Heero.

 

- Pourquoi ?

- …

- Au seigneur, pourquoi ne puis-je te faire que du mal ?

 

Je suffoque presque devant ce spectacle. Aussi pour la première fois depuis le début de cette insoutenable épreuve, trop épuisé nerveusement et moralement, je décide de fuir. Je décide de fuir aussi loin que possible cette vision d’horreur.

 

J’ai torturé Heero. Je l’ai contraint à une vie qu’il ne voulait certainement plus. J’ai agit conte sa volonté ! L’évidence de cette certitude me prend de plein fouet par la seule présence de cette larme.

 

- Pardonne-moi Heero. Mais je vais devoir partir.

 

Je le dois. Pour lui, pour moi.

Je le dois.

 

- Mais je reviendrais vite. Je te le promets Heero ! Je serais de retour au plus vite. Si seulement je n’avais pas besoin…

 

C’est trop dur. Je dois fuir… Juste quelques jours… Juste quelques heures… Pour me remettre de ce choc. Je frôle trop l’hystérie pour rester plus longtemps devant lui en gardant la face. Alors avec plus de tendresse que je n’en avais encore exprimé, je m’excuse de nouveau, embrassant avec appuie et insistance son front.

 

- A très vite Heero.

 

Puis je me lève pour fuir.

 

Dans le couloir, je croise Wufei, certainement impatient de connaître le résultat de mon entrevue.

Mais à mon visage ravagé de larme, il n’ose rien demander, ni même m’intercepter.

Sûrement pense-t-il que tous nos efforts n’ont finalement pas porté leurs fruits.

Aussi me laisse-t-il courir loin de lui.

 

 

Je ne me souviens pas même avoir pris un blouson avec moi.

Je me suis juste précipité à l’extérieur pour courir, toujours plus loin, toujours plus vite.

Incapable d’accepter ce regard de douleur pourtant à jamais ancré dans mes prunelles.

 

A suivre…

 

Un premier vrai très long chapitre (et pas le dernier de cette histoire définitivement mal découpée lol)

 

Sachez juste pour ceux que cela intéresse, que si les « effets » de ma drogue, de par son invention (le Kristal n’existe pas ;p) sont de mon seul fait. Les maladies évoquées et leurs effets (symptômes et conséquences) sont des plus véridiques ! Il existe sur Internet, un grand nombre de témoignages poignant de malades ayant vécu cette paralysie totale quelques mois de leur vie avant de retrouver leur mobilité après d’autres mois voir années de rééducation. Soyez donc sûrs que j’essaie et de manière très sérieuse de vous donner des faits réalistes et crédibles. Que ce soit maintenant ou dans les prochains chapitres ^_-

 

La suite bientôt, avec un pov de Heero qui n’a pas fini de tout comprendre à « sa » manière ^_^’’

 

mimi yuy